Mieux qu'une augmentation, un avion de fonction

Sylvia Di Pasquale

Vous le dites, ils le disent, et tout le monde en convient : les entreprises se font tirer l'oreille pour augmenter les salaires de leurs collaborateurs, malgré la reprise. Alors à chacun de se débrouiller pour grappiller par-ci par-là quelques avantages qui gonflent le pouvoir d'achat sans augmenter le chiffre en bas à droite de la fiche de paie. Sauf que, lorsqu'on a obtenu l'ordi, le téléphone portable, les resto à gogo ou la familiale de fonction, on a à peu près fait le tour des arguments négociables.

Et si on faisait comme toujours, à chaque fois que se pose un problème éco-social insoluble : copions sur le bon élève de l'Europe, le bien coiffé à qui tout réussit : l'Allemagne. Car dans le domaine de l'avantage en nature aussi, ils sont plus fortiches que nous. Voyez cette grande entreprise allemande. L'une de ses salariées, Fraülein Angelika Dammann, a décroché le top du genre. C'est qu'au moment de son embauche, Angelika a un gros problème : elle habite Hambourg. Alors que le siège de son employeur se situe à Francfort, à 500 kilomètres de chez elle. Le télétravail ? Pas possible. Un déménagement ? Inenvisageable.

Alors, elle négocie, obtient, et fait inscrire dans son contrat l'utilisation (gratuite, évidemment) du jet privé de la boîte pour rentrer chez elle.

Moins d'une heure de trajet, pas d'embouteillages et de la place à bord pour se délasser et feuilleter quelques dossiers : que du bonheur, de la disponibilité, de l'efficacité. La négo salariale, les variables, les avantages ? Elle connaît bien Fraülein Dammann, puisque c'est le poste de DRH qu'elle a obtenu.

Cette affaire a été révélée par l'hebdo allemand Der Spiegel, il y a quelques jours. L'employeur a réagi à une vitesse supersonique en retirant le jet à sa Directrice des Ressources humaines, qui a démissionné dans la foulée. Mais la raison donnée par la direction pour mettre fin à ses petits allers retours n'est pas du tout liée à l'indécence de l'avantage accordé : c'est la protection de l'environnement qui a servi d'alibi. Car l'entreprise a expliqué que cette attitude n'était pas très compatible avec ses engagements en matière de développement durable. Sont forts ces allemands. En matière de négociations salariales évidemment, et de communication de crise également.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 11 juillet 2011

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

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Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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