Ni bleu, ni blanc, place au « col neuf »

Sylvia Di Pasquale

Ni bleu, ni blanc, place au « col neuf »

On oublie tout, on efface tout. Les bons vieux clivages qui opposent les manuels et les intellos, les littéraires et les scientifiques vont exploser. Le travailleur du futur ne sera ni col bleu, ni col blanc, mais « col neuf ». C’est le cabinet Mc Kinsey qui le dit et qui a même trouvé ce petit nom (« new collar » en VO dans le texte) pour le salarié de 2030, date butoir fixée à son étude prospective parue ces jours-ci. Elle nous explique en substance qu’il va falloir se changer le sang, celui qui nous vaut depuis des siècles d’être bien rangés dans des catégories dès les bancs d’écoles.

En gros, l’automatisation des tâches, grâce à l’engrais des intelligences artificielles, va chambouler le travail. Et dans 12 ans, il vaudra mieux être un col neuf pour continuer à faire sa pelote dans le monde bousculé du boulot. Ces salariés du troisième type, ni manuels ni intellos, ni scientifiques ni littéraires, mais un peu de tout ça, vont devoir mixer les compétences des uns et des autres, et donc de leurs pères et de leurs mères. Car ces compétences respectives de base vont régresser, de 14 % pour les premières et de 15 % pour les secondes.

Fort bien. On ne sera plus manager de collaborateurs, mais super GO pour créer des amitiés entre le numérique et les équipes. Les ingénieurs sauront élaboré tout autant que mettre les mains dans les moteurs des objets sur lesquels ils auront cogité. On ne sera plus vendeur-chasseur de prospects (cette tâche étant assurée par l’intelligence artificielle) mais chouchouteur de clients et bidouilleur de CRM. On ne sera plus seulement prof, mais augmenteur de savoirs hybrides.

C’est justement ce dernier corps de métier qui devra les façonner, ces fameux cols neufs. Car l’éducation nationale, qui n’est pas une exception française, puisque cette forme de tri est assez généralement et occidentalement appliquée, devra en finir avec la sélection classique qui classifie les élèves dès la seconde entre les littéraires et les matheux, entre les doués des mains et les chevronnés de la tête, puisque l’avenir est au mix de tout ça. Ne plus seulement faire, mais contrôler, maintenir et concevoir la machine qui fait.

C’est donc aux enseignants de se transformer vite, de devenir des profs neufs pour former des cols neufs. Mais c’est aux entreprises aussi de transformer leurs manières de former tout au long des carrières. Pour transformer les cols bleus et blancs d’aujourd’hui en cols neufs de demain. 

>> Lire aussi : Quelles compétences l’IA chamboulera d’ici 2030 ?

 

@Syl_DiPasquale ©Cadremploi

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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