« On revient vers vous »

Sylvia Di Pasquale

Certaines expressions sparadrap finissent par s'incruster. Impossible de s'en défaire, on les entend, on les lit, on les dit, et elles finissent par coloniser notre vie. Il en va ainsi de l'américaine « On revient vers vous ». Mauvaise traduction de « I'll get back to you », elle nous colle au cerveau depuis déjà deux ans, et comme l'Opinel, sert à tout.

Au boulot, bien sûr. C'est qu'en ces temps où l'on se joint par mail, téléphone, SMS ou réseau social, on ne peut plus dire, « je vous rappelle ». Alors, on « revient » de la manière que l'on aura décidée. Pareil pour un recruteur face à un candidat. Le premier ne « recontactera » pas le second, il « reviendra ». C'est plus doux, et surtout, beaucoup plus affectueux. Il y a de l'espoir dans le retour, pas dans le rappel.

Alors, comme l'expression est bien ronde en bouche, on la décline sur tous les tons. Dans le début d'une conversation de plombier, « je reviens vers vous pour colmater la fuite », ou dans le début du mail de relance d'un candidat « on revient vers vous au sujet du meilleur job du monde ».

Pratique, globale et douce à l'oreille, rien n'assombrissait la carrière de cette expression. Jusqu'à ce funeste jour du 8 octobre. Ce jour-là, un petit malin ouvrait sur Facebook le « Groupe de tous ceux qui disent "Je reviens vers vous très vite" ou de tous ceux qui ne supportent pas de s'entendre dire "Je reviens vers vous très vite" ou les deux. » Il compte ce matin près de 400 membres. On n'en revient pas.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 12 octobre 2009.

 

Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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