« Je peux pas bosser, j’ai sport à la télé »

Sylvia Di Pasquale

A peine les agités de la petite balle jaune calmés, ceux du ballon rond se réveillent. Avant que les groupies de Coubertin ne s’en mêlent, dès le mois prochain. Roland Garros, Euro de foot et JO s’enchaînent et le sport envahit les chaînes télé. Mais pas que. Comme le souligne le magazine Liaisons Sociales dans sa passionnante livraison de juin, « les boites sont accros au sport ».

Donc, non content d’envahir l’espace médiatique et nos week-ends sympathiques, le culte du corps gagne le bureau. A tous les niveaux. Patrons et stars du sport, c’est kif-kif (enfin d’après les premiers). Les managers ? Des coachs. Les collaborateurs ? Un team soudé autour d’un objectif commun : la victoire de l’équipe. Alors, on sponsorise à fond les ballons. On team-buildingue en short, on conventionne avec une grande championne et on motive à coups de crampons.

Honte au cadre qui ne serait pas un fondu de la course de fond. Carton pour le col blanc qui n’admire pas Laurent Blanc. Goudron et plumes pour ce manager qui ne se passionne pas pour le revers de Federer. D’ailleurs, 76 % des cadres ne s’y trompent pas. Selon l’Apec, ils n’hésitent pas à indiquer sur leur CV le sport qu’ils pratiquent.

Et les autres ? Les 24% de parias. Ceux qui ne courent pas le semi-marathon, qui ne sont pas classés 15-2, qui ne tapent pas la balle, ronde ou ovale ? N’auraient-ils pas leur place au marketing, à la compta, à la R&D ou aux ventes ? Pensons à eux. A tous ceux qui ne vibrent pas derrière un maillot jaune en danseuse dans le Galibier. A tous ceux qui préfèrent Télérama à L’Equipe. Etonnamment, dans cette cohorte anti-sportive se retrouvent beaucoup de femmes qui ont beaucoup moins la flamme. Et tout aussi étonnamment, on en revient à leurs 20% de salaire en moins par rapport à leurs homologues masculins.

Reste que celles et ceux qui n’aiment pas les tie-breaks ou les une-deux auront un certain avantage que leurs DRH devraient prendre en considération dans les prochaines semaines. Avec elles et eux au moins, pas d’absentéisme de confort pour une finale de Roland Garros jouée un lundi à 13h ou un France-Angleterre à 18h. Pas de streaming sur l’ordi de bureau non plus. Le goût du sport rendrait les salariés plus productifs conviennent les spécialistes. Et si c’était juste l’inverse.

 Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr – 11 juin 2012

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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