Pour en finir avec le "marché caché"

Sylvia Di Pasquale

 

On se frotte les yeux et on relit : « Les entreprises françaises devraient embaucher entre 207 000 et 220 000 cadres en 2007. » C'est écrit dans le journal et dans les premiers résultats de l'étude que l'Apec (Association pour l'emploi des cadres) a publiée la semaine dernière. Mirobolant et historique, le chiffre ne parvient tout de même pas à réjouir l'ensemble des chercheurs d'emploi. Notamment ceux qui s'imaginent que les postes en question seront majoritairement pourvus à coup de copinage, de piston et de réseautage, trois mots pour une même définition. Du coup, les offres diffusées ne seraient là que pour donner le change et faire croire que les dés ne sont pas pipés. Impossible donc, pour un ingénieur physicien, de décrocher un poste sans faire partie de la confrérie très secrète des mangeurs d'andouille de Vire, où siègent également tous les grands pontes de l'industrie nucléaire. Le fantasme est tenace et nourrit la vieille histoire des petits manipulés par les grands qui complotent dans leur coin.

C'est pour mettre à mal cette légende urbaine que l'Apec a sorti une autre étude, il y a quelques mois. Sûrement que l'Association n'aime pas la charcuterie. Toujours est-il qu'avec l'aide de l'Ifop, elle a interrogé 850 entreprises ayant recruté au moins un cadre au cours des 12 mois précédents. Et que croyez-vous qu'il en ressort ? 85 % des candidats ont été recrutés grâce à des moyens accessibles, à savoir les candidatures spontanées, les réponses aux offres d'emploi, le recours à une CVthèque, la participation à des forums ou des salons emplois. Pire encore, le recours exclusif au réseau souterrain et secret qui suppose tant l'appartenance à un monde et à une caste privilégiée n'est effectif que dans 2 % des cas.

Etonnant ? Pas vraiment. L'explosion du marché des offres d'emplois aux cours des dix dernières années n'est pas pour rien dans cette mise en lumière des postes à pourvoir. L'Internet a non seulement initié des CVthèques fortes de centaines de milliers de CV accessibles aux recruteurs, mais il a, de plus, permis une baisse spectaculaire du prix des annonces. Une facture qui permet à la plus petite des PME de s'offrir une visibilité nationale.Evidemment, le prix de l'annonce ne représente qu'une partie du coût total du recrutement. Il faut sélectionner, recevoir les candidats en entretien, avant de décider. Autant de temps qui vaut son pesant d'argent pour recruter efficacement. Mais cette période ne s'en trouve pas raccourcie lorsque l'on recourt aux copains des copains de copains qui connaissent des copains qui, éventuellement feraient l'affaire. Et, qu'au final, il faudra malgré tout recevoir et sélectionner. Evidemment, ces quelques vérités énoncées par l'Apec ne doivent pas empêcher un chercheur d'emploi d'activer tous ses réseaux et peut être de s'en créer de nouveaux. Mais il aurait bien tort de négliger le levier principal qui pourrait lui permettre de décrocher un poste. Cadremploi.fr en est un éminent. Et promis juré, en répondant aux annonces ou en glissant un CV dans sa Candidathèque, il n'aura nul besoin de déguster une tranche d'andouille. Fût-elle de Vire...

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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