Pour travailler bien, faites-en moins

Sylvia Di Pasquale

Pour travailler bien, faites-en moins

Alors les accros du boulot ? Toujours les premiers au bureau ? Toujours les derniers au dodo ? Et si vous aviez tout faux ? Si tout ce que l’on vous avait enseigné depuis l’école, sur la longue et pénible besogne toujours récompensée, sur le temps passé sur l’ouvrage que toujours il faut recommencer, n’était que billevesée.

C’est ce que nous explique Morten T. Hansen dans un article du Wall Street Journal du 12 janvier dernier. Ce prof de gestion de la fac de Berkeley en Californie en est convaincu : pour mieux travailler, il faut travailler moins. Il a étudié la question, observé des employés et des cadres par paquets de mille et sous toutes les coutures pour arriver à cette conclusion qu’il expose dans un livre qui parait aux Etats-Unis à la fin du mois. Et le garçon ne semble pas avoir raté son coup, puisque l’ouvrage se retrouve, avec 11 autres, en lice pour le livre du management de l’année décerné par le Washington Post.

Mais que recèle-t-il d’exceptionnel, et qu’a découvert le professeur Hansen de si révolutionnaire ? En fait, rien de bien extraordinaire, rien que quelques éléments frappés de bon sens. Selon le chercheur, point n’est besoin de travailler comme une brute pendant des journées de quinze heures pour atteindre son objectif ou réussir son projet : il faut travailler moins et surtout travailler mieux.

Son idée ? Se débarrasser de toutes les tâches parasites qui encombrent les heures de boulot de chacun d’entre nous. Et d’en appeler Saint-Exupéry à la rescousse, puisque l’aviateur-écrivain écrivait :

« La perfection est atteinte, non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais lorsqu'il n'y a plus rien à retirer. »

Finies les réunions inutiles, les reporting sans intérêt, les mails sans but et les présentations aussi chargées qu’un blockbuster de Marvel. Il faut aller à l’os et se débarrasser du superflu. De cette manière, c’en sera fini des burnout, surchauffes, surmenages et autres maux du boulot.

Voilà qui est fort judicieux, fort simple, et finalement fort convaincant, au point que cette idée a déjà traversé l’esprit de tout un chacun, sans que jamais, elle n’ait abouti au sein d’aucune entreprise de taille. Pourquoi ? Parce que la simplification administrative, la rationalisation des organisations se heurtent toujours au nombre.

On peut faire simple lorsqu’on est seul. On continue à être efficace lorsqu’on est start-up, on l’est un peu moins lorsque l’on devient ETI. Et on ne l’est plus du tout lorsque l’on est un grand groupe. Morten Hansen se situe au niveau de l’individu et ne calcule pas le collectif.

Reste que les salariés peuvent rationaliser et simplifier leur méthode de travail à leur niveau et ce faisant, ils allègeront, un peu, la lourde machine. En travaillant, un peu, moins. Et en travaillant, un peu, mieux.

@Syl_DiPasquale © Cadremploi

Dessin de Charles Monnier

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Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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