Pour vivre vieux, mieux vaut vivre… riche

Sylvia Di Pasquale

Pour vivre vieux, mieux vaut vivre… riche

Depuis quelques jours, l’offuscation fait son grand retour. Comment se fait-ce ? Quoi qu’il se passe ? Les cadres vivraient plus vieux que les ouvriers ? C’est-y pas dieu possible. Suffit que l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) publie pour la première fois un rapport sur l’espérance de vie des Français selon leur niveau d’études pour que tout le monde découvre, atterré, que la différence est  énorme entre les cols blancs et bleus.

Pour être précis, selon l’Institut, elle serait de 6,4 ans entre un ouvrier de 35 ans et un cadre du même âge. Pire : un diplômé de l’enseignement supérieur vivrait 7,5 ans de plus qu’un non diplômé. Évidemment, c’est terrible ; bien sûr cette inégalité est choquante. Mais si elle nous frappe tant, c’est qu’on s’imaginait que l’automatisation mise en place dans les usines et sur les chantiers, les précautions de sécurité prises, et généralement bien prises, pour tous les boulots exposés au danger allaient régler le problème et placer ceux qui travaillent derrière une machine au même rang que ceux qui bossent derrière un bureau. Or le véritable problème, qui explique cet écart d’espérance de vie n’est plus dans la pénibilité du travail, sauf exception, mais dans la vie menée par les uns comme par les autres. 

Cette différence est simplement liée aux revenus amassés par les uns comme par les autres. Toujours selon l’Insee, le salaire moyen des cadres atteignait, en 2012, près de 50 000 euros par an, quand les ouvriers stagnaient à 20 000 euros et que les employés touchaient encore moins, en moyenne. Et quand on gagne près du double que son voisin, on se soigne beaucoup mieux, fort logiquement ; on prend davantage de vacances, ça tombe sous le sens ; et on mange mieux, c’est indubitable. On le sait, l’obésité fruit de la malbouffe, se développe beaucoup plus à Bondy qu’à Neuilly. L’alcoolisme et le tabagisme aussi.

Alors, on continue de s’offusquer en faisant du psychologisme à la petite semaine comme une candidate de Miss France qui expliquerait devant le jury « qu’il vaut mieux être riche que pauvre pour faire de vieux os » ? On peut surtout tenter de positiver, de se dire qu’en tant que cadre, ou que diplômé, on n’est pas si mal loti, malgré le malaise qui nous étreint, le stress qui nous guette et le burn-out qui nous menace.

@Syl_DiPasquale © Cadremploi.fr

Dessin de Charles Monnier

 

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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