Quand la natalité va, tout va ?

Sylvia Di Pasquale

C'est une énorme claque aux ravis d'un temps jadis où ces dames restaient majoritairement à la maison pour élever leurs enfants et attendre le retour du mari travailleur et aimant. Car selon ces rétrogrades, femme qui travaille n'enfante plus, ou beaucoup moins qu'avant. Sauf qu'une étude de l'Ined (l'Institut national d'études démographiques) vient de les renvoyer au placard de leurs jugements à l'emporte-pièce.

Car, si l'on en croit le document publié par ses chercheurs, c'est l'exact contraire. A partir du milieu des années 90, la fécondité a augmenté en France et dans la plupart des pays de l'OCDE (les 30 contrées les plus riches, donc). Des pays où, justement, les femmes sont majoritairement actives. C'est notamment vrai en France, ou plus de 65% de représentantes de la gente féminine sont au boulot, ce qui ne les empêche pas d'avoir, en moyenne, près de deux enfants chacune.

Du coup, à la lecture de ces étonnantes statistiques, on ne peut s'empêcher de regarder d'un autre œil les différentes politiques familiales appliquées ou envisagées. D'un côté, certains souhaitent mettre en place une forme de rémunération pour les femmes au foyer, quand de l'autre, d'aucuns voudraient plutôt développer les modes de garde. Les deux politiques, diamétralement opposées, étant destinées à développer un peu plus encore la natalité.

Selon l'Ined, la deuxième solution s'impose bien évidemment.

Mais cette étude soulève un autre problème et c'est Frédéric Lefebvre qui s'en est emparé, à sa manière. Le secrétaire d'Etat au Commerce justifiait, le mois dernier, le haut niveau de chômage actuel, par « le fort taux de natalité, beaucoup plus important que dans beaucoup d'autres pays ». Une déclaration qui a provoqué un tollé à gauche et un « no comment » qui en dit long à droite.

Pourtant, l'ex porte-parole de l'UMP n'a pas tort. Selon l'Ined, le taux de natalité en France a commencé à remonter au début des années 90. Et ces enfants des nineties sont précisément ceux qui débarquent actuellement sur le marché du travail. Sauf que, si Frédéric Lefèvre pointe du doigt une des nombreuses causes du taux de chômage, il se garde bien de livrer une solution au problème.

À moins que, pour lui, l'un des remèdes à la crise et au manque d'emplois qu'elle engendre, consisterait à réduire la natalité en France. Si elle est avancée, cette solution risque de provoquer un tollé à côté de laquelle sa déclaration précédente passera pour un aimable discours d'inauguration de kermesse à l'école primaire des petits oiseaux.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 3 octobre 2011

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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