Rhône-Alpes en pôle

Sylvia Di Pasquale

C'est pas qu'on soit méfiant. Mais on attend de voir. Trois ans exactement dans le cas de cette initiative du gouvernement Raffarin et sa volonté de doter la France de pôles de compétitivité. Des « clusters » comme les américains les aiment, des campus regroupant chercheurs et industriels autour d'un même thème et d'une même volonté : l'innovation. Soixante-six de ces pôles ont poussé dans toutes les régions françaises (hormis la Corse) et chacun de se demander quel pouvait bien être leur impact réel sur l'emploi des cadres. Accusés de cacher la misère des plans sociaux et de n'être que de jolies vitrines masquant des dégâts industriels, ils devaient, pour le moins, faire leur preuve. Ce n'est pas une attestation irréfutable du bien fondé de cette initiative que vient de livrer l'Apec, mais c'est au moins un début de commencement de première pierre d'une future possible amélioration des choses.

Selon l'Agence pour l'emploi des cadres, les pôles auront bien un effet positif sur l'emploi cadres, à partir de 2010. Quant à la légitimité de disperser ces centres à travers toute la France, là encore, elle semble acquise. Car l'Ile-de-France ne sera pas, entre 2010 et 2015, moment où ces centres prendront réellement leur envol, la plus embaucheuse des régions françaises. C'est Rhône Alpes qui gagnera et devrait accueillir, sur ses 15 pôles, pas moins de 35 100 cols blancs. Certes, on ne prête qu'aux riches. La situation géographique d'une région, d'un pays ou d'un continent est une flagrante injustice. Et celle de Rhône-Alpes, aux confluences du Nord et du Sud, de la Suisse et de l'Italie ne peut que la favoriser. Mais l'explication de ce succès par cet emplacement stratégique est un peu courte. L'Alsace, pourtant aux portes de l'Allemagne, du Luxembourg et pas très éloignée du Benelux ne récolterait, selon l'Apec, que 500 nouveaux cadres durant cette période. Autant dire des retombées sur investissement quasi nulles, eu égard aux tombereaux de subventions publiques versés à ses centres de recherches.

L'explication de cette réussite Rhône-alpine qui devrait engranger plus du double des emplois de l'Ile-de-France - qui devra se contenter de 12 000 nouveaux cadres - n'est pas liée à sa seule implantation. La région accueille deux pôles de portée mondiale dont les thèmes ont particulièrement le vent en poupe. Les nanotechnologies d'abord, basées à Grenoble, et un centre dédié à la virologie prêt de Lyon. Quant aux autres thèmes retenus, les énumérer revient à dresser la liste de toutes les industries innovantes. Il y en a pour tous les goûts : des jeux vidéo à l'ingénierie du sport en passant par les énergies renouvelables et les textiles techniques. Quinze thèmes futés mis en place par des industriels futés avec des collectivités locales et territoriales futées devraient donc attirer sans mal les cadres ingénieurs et autres dans quelques années. Si les augures ne se sont pas trompés.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :