La nycturie fait baisser la productivité des salariés d’un quart. Diable, ce doit être un fléau terrible, une maladie lourde, une affection ravageuse. En fait, les urologues désignent par le terme nycturie un rien anxiogène, le simple fait de se lever la nuit pour aller faire pipi, ce qui arrive à un adulte sur trois et ne s’avère pas contagieux. N’empêche que nos urologues, réunis à Milan, ont tenu à alerter la planète tout entière et les chefs d’entreprises qui s’y croyaient à l’abri jusqu’à ce que tombe l’effrayante nouvelle : la petite miction nocturne fait baisser la production diurne de 24 %. Voilà la difficile réalité à laquelle sont confrontés des millions de Français chaque jour de labeur. C’est désormais démontré, prouvé, avéré et validé : 261 femmes et 385 hommes ont été auscultés par les chercheurs de l’université de Maastricht.
Devant cette nouvelle qui devrait éclipser toutes les mises en examen post-présidentielles et les démissions ministérielles, deux options s’offrent aux dirigeants de la 5ᵉ économie mondiale que nous sommes encore : réagir ou laisser faire. Ne comptez pas sur nous pour nous aligner sur les plus lâches quand il en va du redressement productif de la Nation. Il faut éradiquer le mal, affecter les fonds publics disponibles à la recherche du remède et, en attendant de le découvrir, poser la question dès l’entretien d’embauche aux nouveaux postulants : « oui ou non vous levez vous la nuit pour faire pipi ? ». Seule manière de ne recruter que des collaborateurs efficaces.
Et puis d’ailleurs, les allers-retours Dunlopillo-toilettes ne sont pas seuls en cause dans la baisse de productivité. D’autres facteurs interviennent forcément. Est-ce que les ronflements favorisent un bon repos, et à fortiori, une bonne journée de boulot ? Nous posons la question. Et quid du conjoint du ronfleur ? Nous jetterons également un voile pudique sur les périodes de lune de miel, même si elles ont forcément un effet négatif sur les capacités de travailler.
On le voit, les ennemis de la productivité sont innombrables. Sports fatigants, diner entre amis, hiver interminable, enfant malade, pneu crevé : on est cerné. Mais que faire pour conserver nos 100% de productivité ? Avec des humains qui se lèvent la nuit pour faire pipi, tombent amoureux, sont déprimés quand il pleut, ronflent et s’énervent quand une roue de leur voiture est à plat. Recruter des robots ou faire avec.
Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.