Unbelievable, une boîte française élue employeur de l’année aux Etats-Unis

Sylvia Di Pasquale

Unbelievable, une boîte française élue employeur de l’année aux Etats-Unis

Quand on sort du long tunnel de ce début de mai, il faut au moins deux bonnes nouvelles pour se remotiver. Et elles sont livrées en ce début de semaine, puisque le magazine américain Forbes a couronné l’entreprise préférée des Yankees. Et non seulement c’est une entreprise française, mais en plus c’est une boîte de « l’ancienne » économie.

Le classement Forbes ? Un truc qu’on n’ose même pas consulter, tellement persuadé que cet énième Top 100 du meilleur ceci et du plus fort cela va encore laisser gagner un GAFAM à babyfoot. Et on aurait tort. Car le winner de l’année est le groupe Michelin. Difficile de faire plus tradi que celui qui, depuis 129 ans transforme le caoutchouc en pneus.

Un groupe qui est certes connu à travers le monde, mais qui n’est même pas leader puisque c’est le Japonais Bridgestone qui occupe la première place. Alors qu’est-ce qui peut bien attirer les américains du côté de la gomme ? Qu’est-ce qui a bien pu se passer pour que Bibendum grille la politesse à Google, SAP ou Mastercard, et passe devant 499 autres boîtes ?

 En fait, dans l’enquête, ce sont les salariés eux-mêmes qui jugent leur entreprise, en répondant à une question toute bête : « Recommanderiez-vous votre entreprise à d’autres ? » Et visiblement les salariés de Michelin US ne sont pas seulement sensibles à l’appât du gain, spécialité de la Silicon Valley, plus que de la caoutchouc Valley. En réalité, c’est toute la politique RH mise en place par le manufacturier de pneus qui semble ici saluée par ceux qui en bénéficient.

Le géant de Clermont-Ferrand dispose de 19 usines aux Etats-Unis, il emploie 22 000 personnes là-bas et continue de recruter. Pas en se contentant de faire le dos rond face aux sirènes du digital, mais en allant à la rencontre des lycéens américains. Non seulement il leur vante les bienfaits de l’industrie et des carrières que l’on peut y mener mais il leur offre même des bourses d’études. Et, la preuve par Forbes, ça marche. Bibendum encourage également ses salariés à s’engager personnellement dans les grandes causes environnementales qu’il soutient.

Les cyniques rétorqueront qu’il ne s’agit là que d’un marketing de « marque employeur » de plus, une opération de com de recrutement et de fidélisation 1000 fois déclinée par d’autres. Sauf que chez Michelin, le turnover est minimum et l’ancienneté maximum. Les salariés se sentent bien et n’ont aucune envie d’aller voir ailleurs. Pas seulement parce que leur boîte fait du mécénat et les encourage au bénévolat. Mais parce qu’elle semble avoir trouvé une « raison d’être » qui leur convient.

>> Lire aussi : L’entreprise à mission : entreprise de demain ou gros baratin ?

A Ladoux, près de Clermont-Ferrand, sur le principal site de R&D du groupe, où travaillent 3 000 personnes, une énorme conciergerie accueille les salariés dans le hall d’entrée. Les hypers Auchan y ont installé une antenne, avec chambre froide, où tous les salariés peuvent passer commande et récupérer leurs courses chaque soir de la semaine. Sauf que la France n’est pas l’Amérique. Mais peut être qu’un jour, les multiples classements des sempiternelles entreprises hexagonales préférées des jeunes diplômés ou vieux salariés jetteront-ils eux aussi un œil du côté de Clermont-Ferrand, du côté de la vieille économie. Peut-être cette année, qui sait ?

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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