Vive l'allongement du temps de travail

L'équipe de Cadremploi

Quelle chance. Quelle énorme aubaine que cette réforme des retraites. Et quels veinards que toutes ces générations de salariés qui vont turbiner pendant 41 ans pour toucher leur pension. D'ailleurs ce bouleversement semble accepté par 60 % des Français interrogés la semaine passée par l'institut CSA pour Le Figaro. Un plébiscite qui aurait pu être plus fort encore si nos sondés avaient eu vent d'une autre info, en provenance de l'Ined cette fois.

Selon l'Institut national des études démographiques, les Français sont de plus en plus nombreux à vivre de plus en plus longtemps*. A tel point qu'on doublerait le nombre de centenaire français (actuellement stabilisé à 20 000) d'ici 40 ans. Il serait même envisageable de voir s'allonger la durée de vie des hommes jusqu'à 150 ans, voire plus. Du coup, qu'est-ce que 41 petites années de cotisations ? Même pas un tiers de cette longue vie. Alors que, jusqu'à ce jour, avec 83 et quelques années d'espérance de vie en moyenne, il faut travailler 37,5 ans. Résultat : les futures générations travailleront proportionnellement beaucoup moins qu'aujourd'hui. CQFD : voilà une vraie avancée sociale.

Evidemment, certains de nos sarcastiques et pessimistes lecteurs auront noté l'incohérence du rapprochement de ces chiffres. Incohérence ? Pas beaucoup plus, en tous cas, que celle qui perdure entre la volonté gouvernementale de rallonger le temps de cotisation (plutôt inéluctable) et celles des employeurs (plutôt inébranlable) qui persistent à laisser les seniors à la porte de leurs entreprises. Et ce ne sont pas quelques campagnes de communication traitées sur le mode « il est frais mon senior, vigoureux et tout, et en plus, il joue mieux à la WII que vous, bandes de jeunes » qui résoudront le problème.

Les entreprises ne marchent pas dans la combine et une grosse majorité de quinquas restent sur le carreau. L'expérience qui joue en leur faveur, leur infinie sagesse, leur plus grande disponibilité et tout ce qu'ils peuvent apporter à une boite, les DRH les connaissent depuis belle lurette. Reste un problème plus pragmatique et plus fondamental : leur prix. Un senior en poste depuis des décennies coûte souvent deux fois plus cher qu'un junior frais embauché, ancienneté oblige. Argument que martèlent les directeurs financiers à longueur d'année.

Quant aux cadres seniors depuis longtemps en recherche d'emploi qui acceptent de revoir leur « prix » à la baisse (et ils sont nombreux à témoigner sur notre blog), ils n'ont souvent même pas l'occasion de s'expliquer en entretien. Ce blocage profond n'a pour le moment jamais été résolu. Matignon n'a pas la recette, et les partenaires sociaux non plus. Il est pourtant indispensable de la découvrir. Pour sortir de l'ornière les seniors chercheurs d'emplois. Comme pour faire perdurer notre bonne vieille retraite par répartition. Si tant est que nos élus souhaitent vraiment la voir durer.

* Source : Population et sociétés, Gilles Pison, N°443, Mars 2008. disponible sur www.ined.fr

L'équipe de Cadremploi
L'équipe de Cadremploi

Votre jobboard est aussi un média. Toute une équipe de journalistes, rédacteurs, community manager, vidéastes et infographistes s'activent en coulisses pour vous proposer des contenus inédits. Vous informer sur le marché de l'emploi, interviewer les meilleurs experts et vous conseiller pour vous lancer, on adore... Bienvenue dans la job zone !

Vous aimerez aussi :