Voeux à la main, sinon rien

Sylvia Di Pasquale

On persiste. Une carte de voeux est un carton imprimé et dûment timbré. On oublie donc les e-cards et e-voeux. Mais des voeux épistolaires sans un petit mot écrit à la main sont aussi vains qu'une promenade dans une voiture italienne sans klaxon façon coucaracha. Car, comme le note l'inestimable Jean-Roger Ginguelbelle dans son ouvrage de référence « Management et bise de l'an neuf », « l'écriture manuelle est une rébellion, le dernier signe d'humanité dans un monde tapuscrit ». Pour ce directeur de recherche du CNRV (Centre national de rédaction des vœux), la cause est entendue : on prend sa plume, on rédige une phrase bien sentie dans un coin de la carte imprimée, on signe, on lèche le bord de l'enveloppe et on glisse le tout dans la bannette du courrier avant la fin du mois de janvier.

Reste à trouver la phrase qui fera mouche. Mais face à la carte de vœœux, on n'est pas tous égaux. Devant le canyon sans fond de leur manque d'imagination, de nombreux cadres vont s'engouffrer dans la phrase toute faite. Pourquoi pas. Mais dans ce cas, on s'expose parfois aux attaques pour plagiat. Et toujours au ridicule. Oublions donc le « yes we can », ringardisé depuis la raclée des élections de mi-mandat. Négligeons le « je vous ai compris », surtout si l'on souhaite l'envoyer à un interlocuteur de descendance pied-noir. D'ailleurs, en règle générale, le détournement de mots historiques n'est pas du meilleur effet. « Entre ici, Jean-Guy, dans cette année 2011... » ne saurait toujours être bien perçu par un récipiendaire à cheval sur les hommages dus à la Résistance. Il faut donc rester politiquement et historiquement correct.

Sans pour autant se vautrer dans le détournement le plus surfait, le plus daté, le plus lamentable de ces dernières années : la paraphrase du fameux « amicalement vôtre ». Pas de sourire en biais : vous l'avez tous reçue, cette carte envoyée par un fournisseur en polymères où il avait gribouillé un légendaire « Plastiquement vôtre ». Peut-être avez-vous commis vous-même l'irréparable, car, ayant ouï dire que votre prestataire était vice-président du club de foot de Vieuzon-Les-Blattes, vous lui avez adressé un glorieux « sportivement vôtre ».

A défaut d'une plume inspirée, ayons l'écriture modérée. Et sans en rajouter des enclumes, nous nous contenterons de souhaiter une excellente année 2011. Vœœux que nous nous empressons d'adresser à tous, qui que vous soyez.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr - 3 janvier 2010

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Dessin de Charles Monnier © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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