Vous ne devinerez jamais qui plombe la productivité en France

Sylvia Di Pasquale

Bingo ! Ce sont encore les cols blancs qui en prennent pour leur grade dans le dernier rapport du Conseil national productivité. Ou plus exactement les managers. Ce bonnet d'âne est-il mérité ?
Vous ne devinerez jamais qui plombe la productivité en France

En France, la productivité serait en baisse depuis trente ans, selon le rapport du Conseil national de productivité. Une double surprise que cette enquête puisqu’on découvre, coup sur coup, qu’un tel Conseil existe, mais qu’en plus, à l’heure du débat sur le temps de travail où l’on nous répète que les Français seraient parmi les plus productifs d’Europe, un mythe s’effondre.

Certes, on est plutôt pas mal loti parmi nos confrères de l’UE, mais notre acharnement au boulot aurait diablement tendance à plonger. La faute à qui ? Aux managers pardi !

D'accord, ce ne sont pas les seuls fautifs : le rapport* détaille le déficit en main d’œuvre compétentes et la déqualification faute de formation continue tout au long de la vie active, deux phénomènes spécifiques à la France. Mais il semble que les lacunes de leurs managers soient aussi une calamité hexagonale.

Diable !  Ceux à qui l’on reproche déjà tous les maux de l’entreprise, seraient aussi à l’origine de celui-là. Un jour, on les accusera d’avoir tué la maman de Bambi, mais pour le moment, ils partagent la terrible faute de pousser leurs collaborateurs à la flemmardise, avec le manque de formation de ces derniers aux postes qu’ils occupent.

Ils manquent de capacités à superviser, à fixer des objectifs et à promouvoir les talents.

Mais qu’est-ce que les managers ont bien pu faire de mal pour plomber ainsi l’ambiance au bureau et la productivité de leurs équipes ? Selon le Conseil National, qui pour l’occasion a troqué ses tableaux Excel pour une sulfateuse, ils font preuve d’une « qualité insuffisante qui nuit à la productivité. Ils manquent de capacités à superviser, à fixer des objectifs et à promouvoir les talents. » En somme, il leur manque exactement toutes les qualités d’un encadrant utile aux entreprises du 21e siècle.

Lire aussi >> Managers, et si vous passiez en mode psy ?

On peut évidemment estimer que tous les chefs de service français sont nuls, et que le simple fait d’être promu manager gomme toutes les capacités de réflexion. Un vertige des sommets en quelque sorte. Mais l’explication serait aussi courte que dénuée de sens.

On peut surtout s’interroger sur les méthodes de promotion, sur le fait qu’elles sont octroyés aux plus méritants dans leur job, et non pas à ceux et celles qui ont le meilleur profil pour diriger des hommes et des femmes.

On peut même en conclure que si les managers sont mauvais, c’est que les RH le sont au moins tout autant, puisqu’ils les ont fourrés dans ce guêpier. Mais plutôt que de se renvoyer les responsabilités, le plus efficace serait peut-être de tenter de remédier au mal. En intensifiant la formation des managers, ces clés de voûte sur lesquels repose le bon fonctionnement de toute l'entreprise.

 Lire aussi >> La réforme de la formation professionnelle risque de déshabiller les cadres

Rapport Productivité et compétitivité : où en est la France dans la zone euro ?, avril 2019, Conseil national productivité

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

Vous aimerez aussi :