Wi are ze bèste, mais on ne le sait pas

Sylvia Di Pasquale

On en rougit. Voilà qu’un cadre dirigeant anglais nous tresse des lauriers, à nous autres Français. Pas pour nos parfums, notre pain ou notre Gevrey-Chambertin. Mais pour nos compétences professionnelles. Sérieux ? L’affaire est tout ce qu’il y a de plus réfléchie et l’homme en question sait de quoi il cause. Il s’appelle Jonathan Wolf, livre ses états d’âme sur nos qualités par ici et dirige l’équipe produit de Criteo, l’une des rares entreprises françaises cotées au Nasdaq. Une entreprise où se côtoient des diplômés de tous les pays, comme Jonathan Wolf qui a usé ses fonds de culottes en tweed à Harvard et Oxford.

Et à propos d’écoles, notre Anglais voue un culte aux nôtres, enfin à nos grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, quand nous autres froggies les remettent en question à chaque rentrée scolaire. Dans la foulée, l’homme loue la créativité hexagonale, liée selon lui  à notre tradition de la dissertation –  avec ses sacro-saints plans « thèse/antithèse/synthèse » –  qui, si elle ne remonte pas à Charlemagne, plane sur nos lycées depuis un paquet de siècles et développe l’esprit critique.

De même, les maths, voie royale par chez nous, constituent pour Wolf une excellente base de formation et un marchepied indispensable à la vie en entreprise, alors que les Anglais privilégient l’histoire et la politique, et les Américains sont obnubilés par le droit. Mais l’école, toute parfaite et française soit elle, ne peut fabriquer seule les top managers. Pour notre anglais francophile, le charme latin dont il nous affuble, facilite les relations commerciales. En fait, la France est un mélange d’Europe du Nord et du Sud, une croisée des chemins où l’on aurait gardé le meilleur : le pragmatisme nordique et la créativité sudiste.

On aurait tort de rechigner devant ce panégyrique de nous-mêmes. Mais pour qu’il soit réellement efficace, il ne reste plus aux Français qu’à restaurer un  certain manque de confiance en eux-mêmes, une meilleure connaissance des langues étrangères en général, et de l’anglais en particulier.

Sylvia Di Pasquale © Cadremploi

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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