« Venez bosser chez nous, vous aurez une rue à votre nom »

Sylvia Di Pasquale

On en est donc là... Pour survivre, une maternité située dans les Ardennes , dont l’existence est menacée faute de personnel médical, a publié une pub en pleine page dans la presse en fin de semaine et ce week-end. Il s'agit d'une offre d'emploi lambda sauf que l'un des avantages proposé aux candidats est inédit.

Pour attirer l'attention des candidats, la Maternité des Ardennes leur fait une promesse qui claque.

« Venez bosser chez nous, vous aurez une rue à votre nom »
Pour attirer l'attention des candidats, la Maternité des Ardennes leur fait une promesse qui claque.

Une offre d'emploi pleine d'humour

Une offre d'emploi qui ressemble à une annonce matrimoniale. « Maternité équipée, bien sous tous rapports, cherche anesthésistes, gynécologues et pédiatres … pour faire des bébés ». 

Une légère touche d'humour ne saurait nuire à une offre d’emploi, quelle qu’elle soit. 

Sauf que celle-ci va beaucoup plus loin, puisque sous le texte, qui semble avoir été arraché d’un bon vieux journal à l’ancienne, en papier, comme on en trouvait au siècle dernier, une phrase interpelle le lecteur. 

« Tout candidat retenu avant le 15 avril 2023, donnera son nom à une rue de Charleville-Mézières ou Sedan ».

Carrément.

Candidat à la postérité

On en est donc là. 

Un praticien qui accepterait d’occuper un poste dans les Ardennes, chose qui, apparemment, paraît totalement extraordinaire et héroïque, se verrait honoré au même titre qu’Arthur Rimbaud, le poète régional de l’étape qui a donné son nom à un quai de Charleville. 

Fake news ? Pas du tout : France 3 Région Champagne-Ardenne est allé vérifier l’info et il s’avère qu’elle est rigoureusement exacte. C’est le maire LR de la ville, Boris Ravignon qui en aurait eu l’idée. Et ses services de préciser qu’il n’y aurait aucun préjudice envers quiconque, puisqu’il suffirait de rebaptiser une artère affublée d’un nom de fleur ou d’oiseau. Nul doute que les hirondelles ne risquent pas d’occuper des ronds points si on leur retire un nom de rue dans les Ardennes.

Attirer l'attention sur le drame des déserts médicaux

On en est donc là. A devoir en passer par une promesse de postérité pour empêcher une maternité de fermer, car tel est le cas. Une fermeture qui n’est même pas liée à un manque de moyens, comme c’est trop souvent le cas, mais tout simplement à un manque de médecins.

Si ces spécialistes rechignent à l’idée de s’installer dans les Ardennes, qu’ils sachent au moins que dans ce coin de France, les habitants sont capables de rire de tout, même d’une situation aussi dramatique que la potentielle fermeture d’un service d’obstétrique qui procède à près de 1 500 accouchements par an. Vivre et travailler en compagnie de ces personnes est certainement le meilleur argument pour postuler à la maternité des Ardennes.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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