
Le nouveau quinquennat serait donc moins en phase avec la société civile que le précédent. C’est du moins ce que répètent les commentateurs depuis les présidentielles, en mode « Macron 1, c’était la start-up nation, mais Macron 2 revient aux fondamentaux de la vie politique traditionnelle, avec son bataillon de hauts fonctionnaires ».
Et pourtant. Si ,dans le gouvernement, les cadres du privé/du public/et les ingénieurs ont déserté les ministères (excepté un passage chez RATP pour Elisabeth Borne), ces derniers sont toujours aussi nombreux à se porter candidats aux législatives dont le premier tour s’est déroulé dimanche. Ils sont même surreprésentés par rapport à la population active. Car s’ils ne sont que 16% parmi les salariés en général, 27% des candidats à la députation sont des cadres (ou d'anciens cadres) du privé, du public ainsi que des ingénieurs et cadres techniques d'entreprises.
Les cadres candidats aux Législatives 2022
Parmi les cadres ou ex-cadres candidats à la députation, on trouve :
Profession | Femmes | Hommes | Total général |
---|---|---|---|
Ancien cadre | 131 | 212 | 343 |
Cadre administratif et commercial d'entreprise | 238 | 320 | 558 |
Cadre de la fonction publique | 209 | 280 | 489 |
Ingénieur et cadre technique d'entreprise | 72 | 215 | 287 |
Total général | 650 | 1027 | 1677 |
Source : ministère de l'Intérieur
Que déduire de tels chiffres ? Pas grand-chose, du moins pas grand-chose de plus que la signification des prénoms qui reviennent le plus fréquemment parmi les quelques 6 291 candidats à briguer un siège au Parlement.
Parmi les hommes cadres candidats se distinguent les Philippe (ils sont 38 à être candidats), Laurent (23), Olivier (21) et Michel (20). Des prénoms qui ne sont que le signe de leur génération de quinquas qui domine les débats.
De la même manière, leur situation professionnelle de CSP+ est elle aussi dominante (les ouvriers ne sont que 4%). Deux éléments qui témoignent du fait que rien ne change : la politique reste le domaine réservé de ceux qui ont eu accès aux études supérieures et ne sont plus de première jeunesse.
Reste néanmoins une évolution notable que l’on peut observer depuis quelques décennies, c’est celle de la part des femmes parmi les candidats aux législatives. Les Anne (13 chez les cadres), Isabelle (13), Sophie (12), Florence (11), Christine (10) et toutes les autres représentent 44% des candidats à la députation. Et même si ce chiffre est en recul depuis le précédent scrutin de 2017, il s’agit là d’une avancée majeure si on la compare au désert de présence féminine dans les années 60, les années de naissance des Philippe, Laurent, Olivier ou Michel.
(Merci à Alban pour le coup de main sur Excel 😉. NB : 2 Alban sont candidats à la députation, mais pas "mon" cador en Excel)
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.