Elle revient chaque année. Et chaque année, la journée internationale des droits des femmes génère son lot (justifié) d’infos mesurant le chemin qui reste à parcourir pour qu’elles soient professionnellement à la même hauteur qu’eux. Mais il suffit d’évoquer les trophées « métiers pour elles » de l’Afpa (agence nationale pour la formation des adultes) pour insuffler une dose d’optimisme à une journée, et à une période qui en manque tant.
Car voilà une opération à rebours du temps, puisque la journée des droits de la femme est fixée le 8 mars depuis très longtemps, et que l’Afpa a fixé sa cérémonie de remise des prix deux jours avant.
Elle est aussi à rebours de la morosité, puisque les femmes récompensées (de 1000 euros) sont celles qui ont su, contre leur famille parfois, et contre les préjugés souvent, se débrouiller pour exercer le métier dont elles rêvaient, comme Sylvie. La jeune femme, lauréate 2022, rêvait depuis l’âge de 14 ans, d’être chauffeure routier. Opposition formelle de ses parents, évidemment, en mode « ce n’est pas un métier pour les filles ». Trente ans et un parcours professionnel totalement différent plus tard, elle a passé son permis poids lourd et rêve de manger du bitume au volant d’un 38 tonnes.
Elle, comme Léna, costumière à l’Opéra de Montpellier, ont décidé elles-mêmes de l’aiguillage de leur vie professionnelle. Car celle qui a travaillé plusieurs années pour le corps de ballet de l’Hérault avait enfoui son rêve secret : la mer. Après plusieurs expériences à bord de bateaux de plaisance elle s’est lancée dans une formation Afpa et aujourd’hui, la voilà mécanicienne de marine.
Ces femmes qui sont allées au bout de leur rêve ont été, avec quatre autres élues, les lauréates de l’an passé. D’autres vont leur succéder cette année. Elles vont prouver, une fois encore, que les métiers réputés pour hommes, sont des métiers pour tous et toutes et qu’il faut en finir une fois pour toute avec la surreprésentation des femmes dans 12 familles de métiers sur les 87 existantes. Ces familles de métiers de la santé, de l’éducation, de l’aide à la personne ou de l’administration soit-disant réservés aux femmes, dont on sait qu'ils sont les plus précarisés et les moins bien payés.
Briser ces carcans prend du temps mais ce genre d’initiatives permet d’inspirer d’autres femmes qui en rêvent mais n’osent pas.
Découvrez en image les lauréates 2023
Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.