Soualiho Meïté – A quand des prêts de top salariés avec option d’achat ?

Sylvia Di Pasquale

EDITORIAL – Le joueur de foot Soualiho Meïté vient d’être prêté jusqu’à l’été 2021 par son club au Milan AC avec option d’achat. Ce n'est pas une première mais, avec la Covid, cette pratique est de plus en plus tentante pour des clubs qui n'ont plus les moyens de financers leurs stars. Et si les entreprises adoptaient les pratiques des clubs de foot pour capter les meilleurs joueurs, pardon, les bests cadres que d'autres entreprises en crise ne peuvent plus se payer, sans vouloir s'en séparer pour autant ? Prédiction crédible ou délire utopique, à vous de juger.

Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

Soualiho Meïté – A quand des prêts de top salariés avec option d’achat ?
Dessin de Charles Monnier ©Cadremploi

Le foot inspire le monde de l’entreprise et ce béguin ne date pas d’hier. Pour le meilleur mais parfois aussi pour le pire des pratiques du foot business.

 

En 2018 déjà, nous avions imaginé que, chiche !, l’entreprise allait transposer une pratique du foot : celle des agents des joueurs. Et pourquoi le cadre n’aurait pas son agent comme au foot ?, écrivait-on, un brin provoc l’année où la France remportait la Coupe du monde, où Didier Deschamps devenait le leader le plus inspirant de l’année et donnait une interview à Cadremploi.

 

En 2018, la transposition de cette pratique aux cadres stars relevait encore de la fiction. C’était sans compter sur Julien Morisson qui, en janvier 2020 a lancé le premier cabinet d’agents de cadres sup’ en France. Le cabinet Be – c’est son nom – vient de fêter son 105e contrat.

 

Alors en cette année de crise sanitaire qui n’en finit pas de s’éterniser, on se demande si une autre pratique du foot-business ne pourrait pas bientôt contaminer l’entreprise. Si elle n’est pas tout à fait nouvelle, elle devient récurrente ces temps-ci. Il s’agit de la LOA, autrement dit la location avec option d’achat, un produit financier qui rappelle plus l’univers de l’automobile que celle des RH.

Comme une simple Clio, un club peut s’offrir les services d’une star du ballon rond, moyennant une location et, à la fin du contrat, si bon lui semble, elle peut le rendre ou racheter le joueur pour un nombre de millions dépendant de sa notoriété et de ses résultats.

C’est ainsi que le milieu de terrain de la Juventus de Turin, Soualiho Meïté, vient d’être « prêté » à l’autre grand club du nord de l’Italie : l’AC Milan. A la fin de la saison, son nouveau club aura donc le choix : le laisser repartir à Turin, ou l’acheter, moyennant 10 millions d’euros.

 

Alors peut-être que l’incertitude économique du foot accentuée par la Covid a permis à ce système de se développer. Et comme l’inconnu, et la peur qu’il engendre est un sentiment largement partagé bien au-delà des stades, la LOA humaine pourrait bien donner quelques idées à des entreprises bien éloignées du ballon rond.

On pourrait alors voir germer le prêt de salariés avec option d’achat, à même de rassurer tout le monde. Vraiment tout le monde ? Les stars du foot ont accepté depuis belle lurette de voir leur nom transformé en marque, d’être dépossédé de soi-même, ou presque, durant leur (courte) carrière et d’être transformé en produit plus ou moins bien valorisé selon leurs résultats, la rapacité de leur club et la jugeote de leur agent.

Les cadres, eux ont démontré tout l’inverse depuis quelques années. Leur quête de sens est plus aigüe que jamais et ils répètent à longueur d’études que leur qualité de vie personnelle et professionnelle ne passe pas uniquement par leur rémunération. A moins qu’un an de crise sanitaire et une autre année d’incertitude tant sanitaire qu’économique à venir, aient raison de cette sagesse. Si tel est le cas, ils seront prêts à se louer comme une Clio ou un footballeur.

En toute bonne foi

 

Le "prêt de salarié avec option d’achat" a des ressemblances avec des formules existantes :

  • CDI intérimaire : le salarié reste salarié de sa boîte d’interim tout en travaillant pour un client
  • Prêt de salarié (le salarié volontaire est « prêté » à une autre entreprise mais reste salarié de son premier employeur)
  • Management de transition (le manager n’est pas salarié mais facturé au client le temps d’une mission).

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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