Ne lancez jamais un débat sur le télétravail...

Sylvia Di Pasquale

Il y a les antis, les ravis, les pour et les contre. Paradis des uns, cauchemar des autres. Le télétravail semble susciter ces temps-ci autant de débats que la politique ou la corrida. Il convient donc d’éviter le sujet pendant les repas entre amis. Sauf à consulter auparavant ce petit kit de survie qui fait le point, livre les avis des uns et des autres sans trancher.
Ne lancez jamais un débat sur le télétravail...

Vous avez tout prévu pour ce premier grand barbecue de l’année : des amis modérés et une quantité de rosé qui l’est tout autant. Mais avez-vous pensé aux sujets de conversations abordés autour de l’andouillette grillée ? Vous n’êtes pas un débutant du rendez-vous devant le charbon de bois et donc, bien évidemment, vous éviterez de parler du score des récentes élections et de la corrida. Mais voilà qu’au détour d’une feuille de salade, l’un des convives lance le mot de trop, celui du dérapage : le « télétravail ».

Alerte incendie !

Car voilà bien un sujet qui clive, comme on dit dans les officines sociologiques. Entre ceux qui expliquent que le télétravail leur a changé la vie (en bien) ou modifié leur rapport au travail (en mal), l’hybride working, home working, distanciel, remote ou autre guirlande de vocabulaire accolé au boulot à la maison, est en train de creuser le fossé des pour et des contre. Entre les antis qui le refusent et les ravis qui en profitent, ce sont aussi deux manière d’envisager le travail et l’entreprise qui s’affrontent.

Ce recruteur en cabinet raconte : « des gens qui refusent un job parce que l’entreprise refuse le télétravail, j’en vois tous les jours ». Et d’ajouter que les boîtes en question, qui ne veulent pas entendre parler de téléboulot, il en croise également chaque jour. Pour ce consultant, ce sont « souvent des PME qui fonctionnent à l’ancienne ». Mais certaines entreprises, plutôt modernes et qui ne sont pas forcément managées à la papa, soulèvent de vrais problèmes, parfaitement audibles et liées au développement du télétravail. Gwenole Guiomard en a rencontrées au cours de son enquête (« Les employeurs qui disent “non” au télétravail sont-ils has been ? »)

 

Elles évoquent les « liens qui se délitent entre les salariés », ou estiment que « le télétravail finit par altérer la notion de la valeur du travail ». Les tranchées se creuseraient donc entre les boîtes, modernes ou anciennes, qui refusent le home working et les salariés qui l’adulent ?

 

Pas si simple : comme en témoigne cette salariée d’une PME d’Astaffort dans le Gers qui milite pour aller au boulot chaque jour, et qui a déménagé pour l’occasion. « Etre en présentiel me permet de connaitre mes collègues, d’échanger avec eux, de m’intégrer, de me former » explique-t-elle. En même temps, vivre et travailler dans la région d’Agen, dans la verdure et dans le fief de Francis Cabrel est plus tentant que de bosser à la Courneuve en étant obligé d’emprunter l’A86 chaque matin et chaque soir.

 

Toujours est-il que le télétravail est un sujet qui se refuse à tout jugement brutal et à toute appréciation globale, même si ces disciplines sont de loin les sports les plus pratiqués ces temps-ci dans notre pays. Et s’il convient de lui appliquer un traitement au cas par cas, entreprise par entreprise, secteur par secteur, métier par métier, il vaut mieux éviter de l’évoquer un dimanche de barbecue, au risque de gâter le goût des autres.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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