
Faut-il avoir un CV ?
Avoir un CV cadre à jour dépend évidemment du degré d’ouverture du candidat. « Le CV s’impose pour un dirigeant en recherche active de poste. Sinon, cela n’est pas obligatoire. Dans ce cas, et notamment dans les entreprises américaines, un profil à jour sur les réseaux sociaux suffit », constate Thierry Mageux, directeur chez Robert Half. Pour certains profils, la velléité de changement pourrait affoler le marché. « Mieux vaut l’envoyer ou le faire passer en direct aux entreprises ou aux cabinets de chasse de têtes », recommande David Quisserne, directeur associé du cabinet de recrutement Air Executive.
À quoi va servir ce CV ?
En général, les cadres dirigeants sont chassés. Autrement dit, les recruteurs viennent à eux par l’intermédiaire d’un cabinet de chasse mandaté pour trouver le profil idéal. « Dans un premier échange, je reçois la personne après avoir regardé son profil en ligne. Je ne demande pas de CV de suite. S’il adhère au projet de l’entreprise, alors on lui demande son CV car cela permet de voir son parcours, ses domaines de compétences, etc. », précise David Quisserne. À ce niveau de responsabilités, le CV n’est qu’une pièce constitutive d’un dossier de candidature qui sera alors transmis au président de l’entreprise qui recrute et/ou aux actionnaires. Évidemment, contrairement aux candidatures pour des postes de management intermédiaire, ce n’est pas le CV qui fera la différence dans la première étape du processus de recrutement.
Que faut-il indiquer dans ce CV d’executive ?
Ce document doit donner une vision synthétique des 7/8 dernières expériences du dirigeant et de son parcours académique. Pour chaque poste occupé, il doit mentionner en quelques mots le secteur d’activité, le périmètre de responsabilités (encours, chiffre d’affaires, etc.), les résultats et les différents KPI (croissance, part de marché, etc, le contexte économique (entreprise en croissance, redressement, rachat, etc.), effectif géré… « À défaut de préciser des seuils de rentabilité, par souci de confidentialité, le dirigeant doit afficher sa valeur ajoutée. En quelques chiffres et mots, montrer quel impact il a eu sur l’entreprise », insiste David Quisserne. Inutile de rentrer dans le détail opérationnel en décrivant ses différents savoir-faire. Le recruteur pourrait en conclure que le candidat n’a pas réellement réussi à se sortir les mains du cambouis pour prendre la hauteur exigée d’un dirigeant. « Dans le CV, on doit en revanche immédiatement identifier le moment où le candidat a intégré un board », ajoute-t-il. « Plus le candidat est en recherche active, plus il listera ses dernières expériences, tout en restant synthétique », détaille Thierry Mageux. Les recruteurs des grandes entreprises, dans lesquelles l’école d’origine a souvent une forte influence dans le processus de sélection, ne comprendraient pas que la formation académique soit passée sous silence. Idem pour les MBA et autres formations d’élite type graduate program.
Quelle forme adopter ce CV pas comme les autres ?
Côté longueur d’abord. « C’est une ou deux pages, voire trois, si le candidat est très senior, mais jamais plus. Et toujours en PDF. Sans oublier d’indiquer le lien vers un éventuel profil en ligne », indique Caroline Guichet, responsable sourcing et expérience candidat du cabinet Emergences RH. « Au-delà de 2 ou 3 pages, on va s’interroger sur sa capacité de synthèse. Le CV d’un dirigeant est limite une grosse carte de visite qui va servir de teaser », insiste Thierry Mageux. Exit les couleurs criardes, les logos qui clignotent, les points d’exclamation, les différentes tailles de police, le gras à outrance… Faire sobre est un impératif. À chaque expérience, une puce synthétique du genre "Directeur général en charge des finances d’un groupe consolidé, 1 milliard d’euros de CA, équipe de 100 personnes… ". « Évidemment, aucune faute, aucune coquille, aucun espace manquant ou en sus, des majuscules à bon escient, etc. Pour ce type de profil, les recruteurs sont encore plus regardants sur la mise en forme. Ils ne tolèrent aucun faux pas », conclut Caroline Guichet.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.