Au secours, les processus de recrutement s'allongent !

Sylvie Laidet-Ratier

A chaque crise, le même constat. Au pire les employeurs gèlent les embauches. Au mieux, ils prennent davantage de temps avant d'entériner un recrutement. Bilan à l'autre bout de la chaîne, les candidats stressent et ne savent plus à quel saint se vouer. Petite guide de survie en « salle d'attente ».

Délai d'attente maximum : non vous ne rêvez pas, il vous faudra parfois patienter 3 mois avant de vous entendre dire que... « Finalement votre profil est intéressant mais la création de ce poste est reportée sine die, donc pas besoin de vos services ». De la fiction ? Pas vraiment. « En ces temps d'incertitude, certains grands groupes poussent même parfois au delà de trois mois pour confirmer ou infirmer une candidature », observe Nicolas Doucerain, directeur général du cabinet Solic. Après être passé sous les éventuelles fourches caudines d'un cabinet de recrutement, vous êtes en général convoqué à un premier entretien avec un responsable recrutement interne à l'entreprise, un second avec votre futur manager opérationnel voire un troisième avec le manager du manager donc votre potentiel N+2. Et pourquoi pas un quatrième avec tout le monde autour de la table.

Objectif, dans ce cadre, obtenir un « rétro planning » de la suite des évènements. Vous êtes désormais prévenu, le processus de recrutement peut durer plusieurs mois. Donc avant de sortir d'un entretien, essayez toujours d'obtenir des infos sur la suite des évènements. Par une petite phrase du genre « Quand aurai-je un feed back sur notre entretien ? », « Quelle est la suite du processus de sélection ? ». « Même s'il n'obtient pas une réponse d'une précision chirurgicale, le candidat disposera toujours d'une idée de timing afin de pouvoir relancer son interlocuteur », explique Philippe Perret, directeur général du cabinet Menway.

La relance, stratégique

En période d'incertitude, entretenir une candidature dynamique est primordial. Pour cela, il faut savoir relancer vos contacts. Alors après chaque entretien, fendez-vous d'un mail de remerciement auprès de votre interlocuteur (consultant, RRH, managers...). « C'est l 'occasion de synthétiser les deux ou trois points clés évoqués lors de l'entretien », conseille Nicolas Doucerain. De plus, si vous rencontrez un deuxième interlocuteur, il peut être judicieux d'informer le premier contact de la teneur de cet entretien. « Peu de candidats se lancent dans ce type d'exercice. C'est dommage car cela peut faire la différence », insiste Philippe Perret. Dans les 4 ou 5 jours suivant l'entretien (sauf autre planning spécifique), c'est encore à vous de relancer le consultant par téléphone ou l'entreprise en direct. « Même durant ces périodes de flottement, le candidat doit se manifester. Ce suivi de candidature démontre à la fois sa rigueur, son professionnalisme, son intérêt pour le poste et bien sûr sa motivation », détaille Nicolas Doucerain. Attention toutefois à ne pas harceler les gens et à ne pas noyer leur messagerie.

Soyez cash : vous apprenez par la presse, par un concurrent, sur un salon.... Que finalement, l'entreprise que vous visez présente quelques difficultés passagères qui pourraient entraver le cours des embauches. Jouez franc jeu afin de gagner du temps. Interrogez clairement le recruteur pour savoir si ce que vous avez lu dans la presse peut impacter le timing du recrutement, voire même la création du poste que vous visez. « Ces questions permettent de désamorcer les zones d'incertitude avec la personne chargée du recrutement », confirme Nicolas Doucerain de Solic. Au pire, on vous annonce que tout est gelé et donc vous ne perdez pas de temps pour enclencher une nouvelle recherche ailleurs. Et, si on vous confirme que le recrutement est reporté de trois mois, notez le et réactivez votre candidature une à deux semaines avant la date butoir.

Sylvie Laidet © Cadremploi.fr

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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