Respect, transparence et écoute sont les trois mantras d'un bon consultant. Mais dans la pratique, les dérapages sont encore nombreux : « Vous ne manquez pas d'air ! » s'est entendu répondre un candidat qui venait de donner ses prétentions salariales. « Comptez-vous tomber enceinte rapidement ? » a-t-on demandé à une candidate trentenaire. Patricia Szenik, directrice de clientèle chez Altédia, élue meilleur consultant de l'année par le Club des chasseurs de têtes le 23 avril dernier, et Gwenole Guiomard, auteur du Guide des professionnels du recrutement, éclairent les pratiques en vigueur dans les cabinets.
Un mauvais consultant bâcle la prise de contact
« Certains consultants vont trop vite en besogne, constate Gwenole Guiomard. Dès la prise de rendez-vous téléphonique, ils commencent l'entretien. Ils vous jaugent et peuvent vous éliminer en trois minutes. »
A faire : Un bon entretien se prépare. N'hésitez pas à dire que vous n'êtes pas disponible et proposez-lui un autre rendez-vous téléphonique. Demandez au consultant, s'il ne l'a proposé, de vous envoyer par mail un descriptif du poste.
Il vous cache tout, ne vous dit rien
Le mauvais consultant s'évertue à trouver la perle rare pour son client et oublie son devoir d'information au candidat. « Je privilégie la transparence à l'égard des candidats, affirme pour sa part notre meilleure consultante. Je leur explique le processus de recrutement, le nombre de personnes que je vais rencontrer et que je vais présenter au client. J'essaie de leur montrer sur quoi ils peuvent s'appuyer lors de leur entretien avec l'entreprise : le fait d'être un outsider, leur plus senior, leur domaine de spécialité, etc. »
A faire : Faire du consultant votre allié en utilisant sa casquette de coach . Demandez-lui un debriefing à l'issu de votre entretien. S'il souhaite vous présenter à son client, laissez-vous guider sur les atouts qu'il a décelés chez vous et sur la meilleure façon de les valoriser lors de l'entretien chez le client.
Il ne vous accorde pas d'attention
Le mauvais consultant vous oublie en salle d'attente ou, quand il vous reçoit, estime avoir fait le tour de votre parcours et de vos compétences en dix minutes.
A faire : En cas de retard de plus d'un quart d'heure du consultant, demandez à l'assistante si l'on ne vous a pas oublié. Lors de l'entretien, une phrase du type « Je ne suis pas sûr que mon profil corresponde à vos besoins. Je me trompe ? » permet de le recentrer sur l'essentiel.
Il ne vous respecte pas

Certains consultants s'ingénient à déstabiliser les candidats avec force questions agressives et commentaires liés à la sexualité ou à la personnalité.
A faire : En cas d'attaques personnelles, recadrez fermement : « Je ne pense pas que ce soit dans les fonctions d'un consultant de traiter de ces questions ». Si la personne est vraiment odieuse, n'hésitez pas à contacter la DRH de l'entreprise cliente pour soigner sa réputation. Si vous ne connaissez pas le client, faites part de votre expérience au Syntec Recrutement, le syndicat professionnel qui fait signer une charte de déontologie à ses membres et s'engagent à la faire respecter.
Il enfreint la loi
Il pose des questions discriminatoires : « Quelle est votre orientation sexuelle ? », « Etes-vous marié ? », « Souffrez-vous de maladie ? » ? « Etes-vous syndiqué ? », etc.
A faire : Vous pouvez refuser d'y répondre ou, mieux, demander pourquoi il vous pose cette question. En règle générale, le consultant ne s'offusquera pas. Il pourra réaliser que sa question est déplacée ou au contraire la reformuler de façon à ce qu'elle soit pertinente par rapport aux compétences indispensables à ce poste.
Il vous oublie après l'entretien
En période de crise, la durée de prise de décision pour un recrutement s'allonge. Ce n'est pas une raison pour ne recevoir aucune nouvelle.
A faire : Ne prenez pas congé sans savoir quand le consultant reviendra vers vous. N'hésitez pas à relancer si le délai est dépassé.
