Chaque année, selon l'INSEE, 26 000 cadres viennent s'installer en Ile-de-France. 48% des Parisiens sont nés en région. « Paris est souvent un passage obligé pour faire ses armes en entreprise. On y vient assez jeunes, puisque l'âge des provinciaux qui s'y installent oscille entre 20 et 30 ans », note Antoine Colson. Ainsi, Toulouse nourrit chaque année la capitale de près de 1500 personnes. Parmi eux, 700 cadres. Elle est suivie de très près par Bordeaux, Lille, Nantes et Rennes.
« La mobilité professionnelle est devenue une évidence et on passe très souvent d'une ville à l'autre. Ces mêmes personnes repartiront souvent vers 35-40 ans en province, dans leur région d'origine ou ailleurs » rappelle Antoine Colson, qui propose à tout ce petit monde, et aux curieux, de fêter les spécificités régionales du 14 au 16 octobre, lors du salon Made in Province, en présence des associations qui les regardent.
Un pont entre les provinciaux
La Maison de l'Alsace à Paris sera au rendez-vous. « Les cadres, s'ils ont la bougeotte, développent souvent un attachement fort à leur région d'origine », observe le directeur de l'association Bernard Kuentz. Avec un beau pas de porte sur les Champs Elysées, la Maison de l'Alsace a pour mission première de promouvoir la région, mais elle est aussi un lieu de rassemblement, pour ses 4200 membres, à qui elle propose soirées thématiques ou services, comme le covoiturage.
Covoiturage, hébergement, voire dans certaines, service de restauration et conseils pour écrire son CV... Les réseaux provinciaux sont un peu une seconde maison dans la capitale. « C'est un moyen comme un autre de créer des ponts entre les gens, explique Jérôme Pujol, président de l'association des Cadres catalans de Paris. Nous proposons des activités culturelles, sportives ou économiques pour permettre au gens de se retrouver. »
Un réseau spécifique
Et « ces réseaux sont comme tous les réseaux. Ils permettent aussi d'avancer sur un ordre purement professionnel », confirme Antoine Colson. Lui-même membre des Parigones, il reconnaît avoir trouvé certaines ressources via ce réseau des Lyonnais de Paris : « Le comptable de mon entreprise, entre autres, m'a été présenté par l'association. » Mais attention : « S'il est vrai qu'aller voir un match de foot est un prétexte pour nouer des contacts personnels comme professionnels, il ne s'agit pas de s'y intéresser uniquement pour décrocher un job ou développer un business », met en garde Jérôme Pujol. Ces asso', pour qui n'est pas affectivement attaché à ses origines, se révèleraient lassantes.
« Les cadres impliqués aiment à se revendiquer de leur région », observe Bernard Kuentz, qui cite parmi les Alsaciens le pâtissier Pierre Hermé et la PDG des Editions Amaury Marie-Odile Amaury (Le Parisien-Aujourd'hui en France, L'Equipe). Pierre Hermé, justement, vient de rouvrir une unité de production en Alsace permettant la création d'une cinquantaine d'emplois.
Préparer son retour en région
Côté cadres, certains s'y intéressent d'autant plus qu'ils envisagent à terme un retour au bercail. « Dans la plupart des villes de Province, le réseau est tout aussi important qu'un CV. Voire parfois plus important », rappelle Antoine Colson. Garder un lien privilégié avec la région peut alors ouvrir pas mal de portes. « Ca permet a minima de rester au fait de se qui s'y passe, sur le plan économique et industriel », ajoute Jérôme Pujol.
Enfin, loin de se laisser supplanter par les réseaux sociaux du Web, les asso' les utilisent avec gourmandise. « Facebook et consorts nous ont permis de rajeunir la moyenne d'âge de nos membres», se réjouit Bernard Kuentz. Pour animer un réseau qui se partage entre la capitale et la région d'origine, les réseaux du Web sont tout indiqués. Les pages Facebook et les sites web se multiplient : association des Lorrains, association des journalistes niçois de Paris, Le grand Lille à Paris... Il y en a pour tous les goûts.
Tiphaine Réto © Cadremploi.fr
