Comment les cadres dirigeants se font repérer par des chasseurs de têtes

Sylvie Laidet-Ratier

Vous n'êtes pas encore dans le radar des chasseurs de têtes ? Comment faire pour susciter l’intérêt d’un recruteur ? Pour être vu, il faut travailler sa visibilité et entretenir son réseau. Voici quelques conseils très concrets de deux experts à destination des cadres dirigeants qui souhaitent se faire repérer très tôt dans leur carrière.

Deux chasseurs de dirigeants partagent leurs conseils pour aider des dirigeants à se faire repérer afin de faciliter leur changement de poste.

Comment les cadres dirigeants se font repérer par des chasseurs de têtes
Deux chasseurs de dirigeants partagent leurs conseils pour aider des dirigeants à se faire repérer afin de faciliter leur changement de poste.

Avec les conseils de :

  • Isabelle Mounier-Kuhn, associée, directrice de la practice DG du cabinet d’outplacement Oasys Dirigeants
  • Thibaud Chalmin, chasseur de tête du cabinet Marignan Consulting

Ne pas attendre d'avoir besoin d’être repéré par un chasseur de têtes

Ce n’est pas une fois sur la sellette (voire en recherche d’emploi), que vous devez vous rapprocher d’un chasseur de tête. Ce serait trop tard.

Isabelle Mounier-Kuhn
Dès le début de sa carrière, un cadre, donc pas encore dirigeant, doit répondre aux sollicitations d’un chasseur de têtes. Et ce, même s’il est bien dans son entreprise et n’entend pas en partir. En vous rencontrant, le chasseur de têtes glane de précieuses informations sur votre secteur d’activité et saura vous en être reconnaissant plus tard.
Isabelle Mounier-Kuhn, associée, directrice de la practice DG du cabinet d’outplacement Oasys Dirigeants

Demandez à vos amis et proches, le nom de leurs chasseurs de tête référents afin de vous constituer le plus tôt possible un groupe de 10/12 chasseurs de têtes que vous tiendrez régulièrement informés de votre évolution professionnelle.

« Ne perdez pas de vue que les chasseurs de tête ont besoin de vivre. Leur confier un mandat de recherche si vous en avez le pouvoir, peut être judicieux pour qu’ils pensent à vous le moment venu », confie l’un d’entre eux sous couvert d’anonymat.

« Un client qui m’a fait travailler, le jour où il met le nez à la fenêtre, je le reçois, je le conseille, je lui donne des contacts… le cabinet lui est redevable », illustre Thibaud Chalmin, chasseur de tête du cabinet Marignan Consulting.

Notre conseil Cadremploi : prenez les devants. Listez-vous quelques chasseurs de tête spécialisés dans votre domaine de compétence et contactez-les.

Faire parler de soi positivement dans les bons cercles

  • Répondez à des interviews dans la presse professionnelle, proposez des tribunes, participez activement à des tables rondes…
  • Prenez des responsabilités dans des organismes patronaux du type Medef, CPME, fédérations professionnelles, etc.
Quand je chasse un dirigeant, 9 fois sur 10, il me répond qu’il n’est pas intéressé par ma proposition. Immédiatement, je lui demande s’il a quelqu’un à me recommander. De rebond en rebond, je parviens à identifier de bons profils. Pour être recommandé, un dirigeant doit donc être connu des autres dirigeants. Pour se faire connaitre, rien de mieux que d’adhérer à des organisations de dirigeants. L’idée est de ne pas considérer les autres cadres dirigeants comme des concurrents mais comme des alliés.
Thibaud Chalmin, chasseur de tête du cabinet Marignan Consulting

  • Posez votre candidature pour des récompenses professionnelles dans votre fonction ou secteur. Thibaut Chalmin va même plus loin : « Demandez à ce que l’on postule pour vous à l’Ordre national du mérite ou de la Légion d’honneur. Le jour de la cérémonie, faites en sorte de vous faire remettre l’insigne par quelqu’un de connu. Ça pose un dirigeant ».
  • Si vous en avez les moyens, faites du mécénat pour l’AROP, la société des Amis du Musée du Louvre, la société des Amis du musée national d’art moderne Centre Pompidou, etc. « Les cocktails organisés donnent toujours lieu à de belles photos dans la presse », ajoute-t-il.

Travailler sa visibilité

1/ Vérifiez que vos informations professionnelles sont à jour

Tous les chasseurs de têtes entretiennent d’étroites relations avec les associations des anciens des grandes écoles et universités. Donc informez-les régulièrement de vos changements. Ces informations peuvent être reprises dans de nombreux médias.

2/ Sur les réseaux sociaux, poster avec parcimonie

Avec les responsabilités qui leur incombent, certains s’interrogent peut-être encore sur le bien-fondé de leur présence sur les réseaux sociaux en ligne. Erreur. Désormais tous les chasseurs de têtes consultent les profils des cadres dirigeants. Inutile de faire des posts au kilomètre ou d’avoir un énorme vivier de contacts pour être repéré. Au contraire. Cela signifie que le candidat est très en demande et peut-être pas très occupé. Mieux vaut donc publier avec parcimonie.

3/ Savoir formuler sa singularité

Par exemple, si vous avez participé au retournement ou redressement d’une entreprise, à une introduction en bourse, à une cession…mais aussi la taille des entreprises et des équipes managers et les pays ou zones couverts.

Cette singularité peut servir de déclencheur pour qu’un chasseur de tête ait envie de vous rencontrer pour en savoir plus sur le secteur, l’entreprise en question… Si vous savez être généreux en informations, le chasseur de tête le sera aussi. Sans vous proposer un poste, il ne manquera pas de vous ouvrir son carnet d’adresses.
Isabelle Mounier-Kuhn, associée, directrice de la practice DG du cabinet d’outplacement Oasys Dirigeants

4/ Travailler votre référencement sur les moteurs de recherche

Car les actionnaires (donc ceux qui actent l’embauche… ou pas) ne manqueront pas de vous googleliser.

Si parmi les 10 premières occurrences, il y a des informations négatives sur le candidat, c’est mal parti. Mais le candidat peut tout à fait faire supprimer du contenu obsolète sur Google, voire faire jouer le droit à l’oubli.
Thibaud Chalmin

Envoyez des candidatures spontanées pour se faire connaître

Envoyez votre CV (à jour) au cabinet de chasse de têtes mais n’en attendez pas forcément à une réponse.

 Les rendez-vous de courtoisie, autrement appelés rendez-vous exploratoires sont rares mais possibles si le chasseur de têtes a besoin d’informations sur un secteur, si le cadre dirigeant - DRH et DG - peut être apporteur d’affaires ou si le candidat est fortement recommandé.
Isabelle Mounier-Kuhn

 Au pire, vous ne serez pas reçu mais ils intégreront votre candidature dans leur base de données.

Contactez également des investisseurs qui vont avoir besoin de recruter de nouveaux cadres dirigeants. Sur le site WhoGotfunded, vous trouverez toutes les sociétés en cours de recapitalisation avec le nom des investisseurs. Postulez directement auprès de ces derniers car ne perdez pas de vue que ce sont les actionnaires qui valident les candidats à ces fonctions.
Thibaud Chalmin

On le voit, se faire repérer par un chasseur de tête est un travail de longue haleine relativement chronophage.

Cela représente entre 10 et 15 % du temps de travail d’un cadre dirigeant
Thibaud Chalmin

Faites-leur savoir que vous recherchez un mandat dans un conseil d’administration

Avec la professionnalisation des conseils d’administration, les cabinets de chasse ont élargi leur palette de recrutement. Désormais, ils sont également mandatés pour staffer les boards.

  Si le dirigeant vise une place dans un conseil d’administration qu’il s’en ouvre au cabinet surtout s’il est qualifié sur des sujets stratégiques comme le digital ou la RSE.
Isabelle Mounier-Kuhn, directrice associée au sein du cabinet Oasys Dirigeants

 

Pour évoquer cette recherche de mandat au sein d’un CA, envoyez un mail aux chasseurs de tête actifs sur ce créneau.

 

Exemple de lettre pour informer un cabinet que vous êtes candidat à un mandat dans un conseil d’administration :

 

« je suis très bien dans mon entreprise mais je me tourne vers vous pour vous partager ma parfaite connaissance des sujets (RSE, digital…) et vous informer que je suis ouvert à une place dans un conseil d’administration. « 

Vous pouvez également formuler cette information sur vos profils en ligne.

Première publication : 5/9/2019. Dernière mise à jour : septembre 2023.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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