Éviter le terme chômage
Aussi paradoxal que cela puisse paraître prononcer les mots chômage ou recherche d’emploi peut s’avérer contre-productif pour un chercheur d’emploi. « Aujourd’hui encore, le terme chômage fait l’effet d’une maladie. Les gens ont peur de l’attraper, donc ils fuient », prévient Hélène Picot, coach spécialisée en reconversion professionnelle. Parler de recherche d’emploi, vous place d’emblée en position de demandeur. « Vos interlocuteurs auront alors tendance à vous percevoir comme un boulet », précise Valentin Becmeur, coach et expert en communication au sein du groupe Othello. Et puis, ces termes renvoient également une mauvaise image de vous. « Plus on se répète que cette période de chômage est galère, plus elle le sera », ajoute Hélène Picot. Donc, on oublie ce champ lexical pour un discours plus volontaire et moins subi (même si ce n’est pas toujours facile de donner le change dans cette situation).
Se montrer proactif
« L’objectif est de prouver que vous avez encore de l’énergie à revendre et que vous faites toujours preuve de leadership. Bref, que vous ne subissez pas la situation », conseille Valentin Becmeur. À la sempiternelle question que tout le monde pose dans les dîners en ville, "et vous, que faites-vous actuellement ?", répondez par exemple "je fais quelque chose que j’ai toujours rêvé de faire : j’apprends une nouvelle langue, je suis inscrit à une formation, etc". Ou encore "j’actualise mes compétences. Jusqu’au mois dernier, j’étais directeur commercial dans le secteur…. ". « Vous pouvez aussi insister sur le fait que vous êtes en phase de changement, que vous prenez du temps pour vous afin de réfléchir à une nouvelle aventure », recommande Hélène Picot. C’est triste à dire, mais la société n’aime pas les gens qui ne vont pas bien. « Quelle que soit la situation, montrez que vous n’êtes pas affecté, que vous restez dynamique et gardez le moral », insiste l’expert en communication.
Ne pas se plaindre
Que vous ayez été viré ou que vous ayez quitté votre précédent poste, surtout ne vous lancez pas dans une diatribe contre votre ancien manager ou vos anciens collègues. « Cela ne donnerait pas envie à vos interlocuteurs de vous écouter. Pire, cela pourrait les dissuader de vouloir en savoir davantage sur vous. En effet, ils seraient tentés de se dire qu’un jour, vous risquez de parler d’eux de la sorte », argumente Valentin Becmeur. Donc, quitte à enjoliver un peu la situation, assumez votre départ par une phrase du genre "je suis content d’avoir coupé un lien qui ne me convenait plus".
Embellir l’histoire
Pour donner envie aux autres de vous écouter, voire de vous aider mais aussi pour vous renvoyer une bonne image de vous, il faut mettre en récit son parcours de vie et se rendre acteur de son histoire. « Des événements qui, il y a quelques mois, pouvaient vous apparaître comme un échec doivent se transformer en réussite. Dire "j’ai choisi d’arrêter ce projet pour débuter un autre parcours" marque une forme d’audace et de courage. C’est que l’on appelle l’art de relier les points entre eux. Il faut motiver son choix, quitte à romancer un peu », poursuit Valentin Bcmeur. Et puis, même si vous ne l’exercez pas en moment, rien ne vous empêche de parler de votre métier, si tant est que vous souhaitez poursuivre dans cette voie. « Parler de son métier de manière positive, évoquer l’intérêt que l’on y trouve au quotidien suscite l’envie chez l’auditoire sans provoquer de la gêne ni de la pitié », assure Thierry Pacaud, coach certifié et dirigeant de Team For Development.
Parler de sa recherche avec parcimonie
Nombre de CV envoyés, d’entretiens décrochés, de refus, etc… toutes ces données n’intéresseront pas votre auditoire. En revanche, expliquer pourquoi vous tenez absolument à travailler dans telle entreprise ou tel secteur est judicieux. « Montrez que vous êtes encore plus sélectif qu’avant et certainement pas prêt à prendre un poste par défaut. Peut-être que dans l’auditoire, une personne pourra vous introduire dans la société visée ou vous recommander dans une entreprise similaire », conseille le coach en communication.
Jouer la carte de l’humour
Attention, cet exercice n’est pas forcément recommandé à tout le monde. Faire preuve d’humour en période de chômage suppose au moins d’avoir fait le deuil de son précédent poste. « Vous pouvez tenter "je suis redevenu actif" sous-entendu "j’étais au placard". Mais vous pouvez aussi retourner la question à votre interlocuteur avec une phrase du genre "et vous, comment vous définissez-vous en tant qu’individu ?". Cela vous permet de ne pas vous laisser enfermer dans une fonction », conclut-il. À défaut de parler de recherche d’emploi, vous recentrez ainsi la conversation sur la quête de sens. Une problématique commune à chacun.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.