Comment réagir après 11 entretiens d'embauche et toujours pas de réponse

Description de la situation

Elle vous avait promis un processus éclair. Aux dires de la recruteuse, le poste devait être pourvu « ASAP », les entretiens concentrés sur « quelques jours » et vous auriez intérêt à être sacrément « réactif ». Six mois, huit entretiens et vingt mails de relance plus tard, on y est encore... Bonjour la Formule 1.

Comment expliquer une telle lenteur ? Difficile à dire. Car il existe, en y réfléchissant, un demi-million de raisons possibles. Des hypothèses que vous ressassez, chaque soir, dans vos draps trempés de sueur et d’impatience :

« S’ils ne savent pas se décider, c’est que je n’ai pas su les convaincre... Je n’aurais jamais dû leur dire que j’étais méticuleux… Enfin quand même, ils ne sont pas doués ! Je les ai tous vus, le chasseur de têtes, la DRH, le N+1, le N+2, le N+3… Et ils ne sont pas fichus de se mettre d’accord ? Ils n’élisent pas le pape ! Peut-être qu’ils ont la trouille d’embaucher ? Si ça se trouve, ils ont pensé que j’avais une tête à leur coller un prud’homme à la première panne de machine à café… Mais non, j’ai une tête superbe. Ah ! Je sais ! Et si le poste n’existait pas ? Certaines boîtes lancent des recrutements alors que les budgets ne sont même pas validés… Ou alors… Mais oui : ils ont simplement autre chose à foutre que de gérer mon recrutement. Ils vivent leur vie et se fichent bien que j’attende leur coup de fil… Ou alors… Si ça se trouve, ils ont déjà embauché un candidat et me gardent sous le coude au cas où il plante sa période d’essai ? Aïe, ma tête… »

Les clés pour s’en sortir

Cette fois, mon conseil sera psychologique. Car mis à part un Doliprane, je ne vois pas beaucoup de remèdes pour faire évoluer cette situation.

Un recrutement est une affaire de désir. Les recruteurs ont beau s’équiper de fiches d’évaluation remplies de couleurs et de critères du genre "Appétence pour les approches multidimensionnelles : note de 1 à 4" (il faut bien qu’ils s’occupent), ils ont en réalité besoin de cinq minutes, en entretien, pour savoir si votre tête leur revient ou pas. Un peu comme dans le métro, lorsque vous grimpez à bord d’une rame : un coup d’œil circulaire suffit pour localiser le ou les passagers avec lesquels, éventuellement, vous consentiriez à vous accoupler. Or si le désir ne vient pas tout de suite, il ne viendra jamais.

Cessez de vous torturer. Ils mettent des siècles à prendre une décision ? De deux choses l’une : soit VOUS êtes le problème, avec vos argumentations flottantes et votre tête de prud’homme, auquel cas vous ne réussirez pas à rattraper le coup. Soit ILS sont le problème, avec leur processus semé d’à-coups et de trous d’air, auquel cas 1. C’est un signal délétère sur le fonctionnement de l’entreprise et 2. Vous ne pourrez rien pour accélérer le schmilblick. Moralité : dormez.  

Votre seule préoccupation, dans cet entre-deux languissant, doit être de préserver votre mental. Ne faites pas de relances. Elles nuisent au désir. N’essayez pas d’ajouter de nouveaux arguments : cela voudrait dire qu’en huit entretiens, vous n’avez pas été capable de dire l’essentiel... Bref, ne leur faites pas sentir que vous attendez après eux.

D’ailleurs, n’attendez pas après eux. C’est sans doute la vraie chose à faire : décentrez-vous. Branchez votre cerveau sur autre chose : un autre poste, un autre projet, un passager du métro... L’attente sera moins douloureuse et la bonne nouvelle, si elle doit venir, sonnera comme une heureuse surprise. Promettez-moi, ce jour-là, de faire un peu traîner votre réponse...

Et vous, avez-vous déjà vécu un processus interminable ? Vos témoignages sur la page Facebook de Benjamin Fabre