1. Dans son CV : ne pas les isoler
Il faut d’abord savoir de quoi l’on parle. « On distingue en général compétences transversales et transférables, explique Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet Clémentine. Les compétences transversales sont susceptibles d'irriguer toute l’entreprise. » C’est le cas par exemple de la data et des outils CRM, très appréciés actuellement. « Mais sont transférables les compétences que l’on développe dans un métier mais qui pourraient servir un autre secteur. »
Si vous savez mener un audit, répondre à un appel d’offre, gérer des stocks, parler des langues étrangères ou manager un projet, vos compétences peuvent intéresser tous types d’entreprise. « Théoriquement du moins, nuance Guillaume Colein, directeur du cabinet Victoire. Car encore faut-il les valoriser dans votre CV. Pour cela, il ne faut surtout pas les isoler dans une rubrique dédiée aux compétences. » Ce chasseur de tête suggère plutôt d’évoquer ces compétences-clés dans un cartouche d’introduction, par exemple. « Ensuite, il faut les décrire, en situation, au fil des missions professionnelles évoquées, pour essayer de décloisonner son CV. On peut aussi les associer à des objectifs concrets et atteints. La compétence doit prendre le pas sur le secteur. »
L’exercice est délicat, Yves Gautier en convient. « Les recruteurs français restent assez réticents à retenir un CV de quelqu'un qui n'est pas du secteur », observe ce coach spécialisé dans l’accompagnement et la recherche d’emploi. Pour augmenter ses chances, il recommande de cibler aussi les cabinets de recrutements avec son CV. « Ils y seront sensibles car ils présentent souvent trois ou quatre candidats à leur client dont un CV un peu plus atypique, qui peut être un CV avec des compétences transférables. »
2. Dans sa lettre de motivation : écrire ce qu’on sait faire
Ensuite, il convient de valoriser ces compétences transférables dans sa lettre de motivation. « Plutôt que de flatter l’entreprise où l’on postule, mieux vaut d’entrée mettre "les pieds dans le plat" et évoquer son désir de changement, poursuit le coach. Pour rassurer le recruteur, on peut vite ajouter, une formule comme : "à l'appui de ce projet, j'apporte les compétences suivantes…" » Le recruteur aura besoin de savoir pourquoi un candidat veut passer d’un métier ou un secteur à un autre et avec quel bagage.
Dans la lettre de motivation, il va aussi falloir « décloisonner son profil, insister sur ses compétences transférables et sa capacité d’adaptation », indique Guillaume Colein. Pour cela, vous pouvez raconter une mission concrète, qui parle au recruteur.
Autre astuce pour valoriser vos compétences transférables dans votre candidature : mettre en avant celles qui collent à la culture de l’entreprise. Si elle a une dimension internationale, par exemple, vous pourrez mettre en avant vos compétences en langues étrangères. Si elle revendique un type de management en particulier et que vous l’avez appliqué, vous pourrez aussi en faire un atout.
3. Et en entretien : dire les choses (et les résultats)
Attention : en entretien d’embauche, certains recruteurs ne cacheront pas leur scepticisme. « Récemment, j’ai accompagné un candidat qui voulait passer d’une grosse société de téléphonie à un poste dans l’informatique, témoigne Yves Gautier. Durant ses trois premiers entretiens, on lui a reproché son manque d’expérience dans le secteur. » Le coach a donc proposé une parade : « plutôt que de se justifier, il faut "attaquer" tout de suite et présenter son projet comme un défi. On peut aussi poser une question comme : "Un tel parcours est-il compatible avec votre culture d’entreprise ?". Il sera difficile pour un recruteur de répondre "non" à une telle question et cela l’engagera déjà un peu. » Variante : dire qu’on est bien conscient que ce n'est pas une décision évidente mais que l’on vient avec des résultats pour étayer sa candidature. « Evoquez par exemple des économies ou le nombre de personnes que vous avez fait monter en compétence », conseille le coach.
« D’une manière générale, il n’y a rien de pire que l’ "implicite" pour gâcher une candidature », observe Emmanuel Stanislas. Pour ce chasseur de tête, ce n’est pas au recruteur de deviner quelles compétences vous pourriez lui apporter. « Il faut dire les choses mais aussi être à l’écoute de ses besoins, lui poser des questions sur le poste et se mettre en situation. Il faut tenter le recruteur par des résultats et le rassurer sur sa capacité d’adaptation. »