Faut-il baisser son salaire pour retrouver un job après 50 ans ?

Sylvie Laidet-Ratier

On ne va pas se mentir, trouver un nouveau job après 50 ans, c’est encore plus difficile. Pour se donner davantage d’opportunités certains candidats n’hésitent pas à baisser leurs prétentions salariales. Bonne idée ?
Faut-il baisser son salaire pour retrouver un job après 50 ans ?

Chasse des employeurs aux coûts salariaux

Les professionnels du recrutement sont unanimes sur le sujet, à moins d’être un expert ou d’évoluer sur un métier qui manque de candidats, pour retrouver un nouveau job, les quinquas doivent accepter une baisse de leur rémunération. « Les entreprises font plus que jamais la chasse aux coûts de production et aux coûts salariaux. Sur des fonctions identiques, les salaires ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ou 30 ans. Donc même si ça fait mal, les seniors ne doivent pas rester sur leurs bases initiales », explique François Humbert, directeur du cabinet Cadres Seniors Consulting. « Si les entreprises n’ont pas besoin de 20 ans d’expérience pour occuper le poste visé, pourquoi rémunèreraient-elles ces 20 années ? Il faut arrêter avec le diktat de la courbe ascendante des rémunérations et accepter des phases de plateau ou de régression », renchérit Alain Gavand, consultant en recrutement et en ressources humaines.

 

Lire aussi : Comment répondre à la question sur les prétentions salariales

 

Jusqu’où faut-il accepter de baisser sa rémunération ?

« Entre 20 et 25 % », constate François Humbert. Mais avant d’accepter une telle baisse, le candidat doit s’assurer que le salaire proposé correspond aux pratiques du marché. Il convient donc de consulter les études de salaire publiées par les cabinets de conseil en rémunération, les conventions collectives mais aussi d’interroger son réseau sur les pratiques dans le secteur et l’entreprise visée. Le candidat senior doit également faire valoir sa valeur ajoutée : sa capacité à gérer des situations compliquées, sa maturité, sa stabilité par rapport à des candidats plus jeunes, sa loyauté… Mais tout ça rapporté au poste visé avec des exemples concrets et surtout ne pas rester dans les généralités. Si malgré tous ces atouts, il n’obtient pas gain de cause, alors accepter une baisse de rémunération pour se remettre en selle, paraît judicieux. « Plus on reste longtemps au chômage, plus c’est dur de retrouver un poste pour les plus de cinquante ans. Les recruteurs préfèrent toujours les candidats actifs. Et retravailler regonfle également l’estime de soi chez les candidats », souligne Alexandre Ginoyer, consultant coach en management, organisation et leadership et auteur de Senior, bats-toi (Editions Ixelles). Pour autant, pas question de se brader. Accepter d’emblée de diviser par deux son salaire peut être par exemple préjudiciable. « Récemment j’ai croisé un candidat senior pour un poste de direction informatique, qui après plusieurs entretiens de recrutement avec les RH, s’est fait recalé par le PDG. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi il acceptait un niveau de salaire d’un junior. Dans le doute, il a préféré s’abstenir », illustre François Humbert.  

 

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Quelles sont les alternatives quand cette baisse de salaire n’est pas possible ?

Pour compenser cette baisse de rémunération, le candidat peut (parfois) négocier des aménagements de temps de travail, un périmètre de responsabilités plus restreint, des primes sur objectif, une revalorisation à 18 mois… Cela ne se traduira pas nécessairement de suite par des revenus immédiats, mais cela peut permettre de reprendre pied et de patienter. En effet, accepter un poste moins rémunéré et, en parallèle poursuivre sa recherche d’emploi, est tout à fait envisageable. « Au nouveau recruteur, le candidat expliquera que ce poste est une étape transitoire par exemple, pour retrouver un job dans sa région d’origine, ou tout simplement pour ne pas rester inactif. Et que désormais, il est dans une nouvelle dynamique. Je préfère largement ce genre d’explications qu’un candidat qui refuse poste sur poste pour des questions salariales », argumente Alain Gavand. Enfin, autre option : se lancer comme indépendant. Consultant par exemple. Mais attention, pour démarrer et se développer, être un expert du sujet ne suffit pas. Il faut être capable de mobiliser son réseau et avoir une fibre commerciale prononcée.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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