#FYI "J'ai 23 ans et je n'ai pas 10 ans d'expérience professionnelle"

L'équipe de Cadremploi

Ce sont les grands sacrifiés du système : avec 30 % de chômage, les jeunes diplômés sont les pestiférés du marché de l’emploi. Alors, comment rassurer les recruteurs quand on sort de l’école et qu’on ne sait rien faire de ses dix doigts ? La réponse de Benjamin Fabre, auteur de la chronique # FYI (for your information).

 

Description de la situation

- Vous venez d’être diplômé ?

- Oui.

- Vous postulez pour un premier emploi ?

- Tout à fait.

- Vous avez au minimum cinq ans d’expérience professionnelle ?

- Ben… non.

- Aïe. Dommage.

Au bout du fil, la recruteuse se raidit. « Désolée », enchaîne-t-elle en prenant une voix de télévendeuse. « Ce sont les critères du poste. Bon courage pour la suite de vos recherches. » Et vous restez là, assommé, en vous demandant si oui ou non, cette conversation a réellement eu lieu.

Bien sûr qu’elle a eu lieu. Des échanges comme ceux-là, il s’en passe des centaines chaque jour. Le genre de dialogue étrange, paranormal, où l’on se dit qu’on aura bien du mal, avec la meilleure volonté du monde, à être senior quand on est junior, à être un homme quand on est une femme ou à être un chien quand on est un chat. Bienvenue dans le monde frontalier et paradoxal de la vie professionnelle.

Dites merci à vos aînés. Surtout la génération 68, qui a construit ce modèle entièrement à sa main, avec un État-providence verrouillé par le haut, un droit du travail à son profit et une mentalité 100 % hostile à la jeunesse (qui a jeté les pavés sur la voirie ?). Grâce à eux, vous connaissez maintenant le sens des mots "barrière à l’entrée".

 

Les clés pour s’en sortir

Je préconiserais bien une révolution. Mais l’idée n’est pas simple à défendre, hélas, quand on est l’auteur d’un livre intitulé "Comment devenir un parfait fayot au bureau". Alors, en attendant l’insurrection, prenons les entreprises par la main et aidons-les à surmonter les trois grandes peurs qui les séparent de la jeunesse d’aujourd’hui.

 

Peur n°1 : « Ce moutard ne sait rien faire de ses dix doigts »

Ne laissez pas les recruteurs développer cette croyance idiote. Et pour cela, commencez par vous en débarrasser vous-même. Vous avez fait des stages. Des voyages. Des projets associatifs. Des compétitions sportives. Habillez-moi tout cela comme il faut et connectez le tout aux attentes du poste. Ne sous-estimez pas ce que vous connaissez et ne surestimez pas ce que vous ignorez. Si vous saviez le nombre de bras cassés qui, même à haut niveau dans les entreprises, savent à peine rédiger une phrase...

Peur n°2 : « Il va falloir tout lui apprendre, à ce sale gosse… »

C’est vrai. Vous avez beau avoir vécu, l’apprentissage sera pour vous un passage obligé. Pour désamorcer ce point, assumez-le et inscrivez-le au cœur de votre discours de candidat. Dites que vous êtes justement « là pour apprendre » et que surtout, vous en avez terriblement envie. Il n’est pas évident, je sais, de dire les mots « terriblement envie » quand on postule en audit interne chez Axa, mais il faut parfois savoir se forcer. Et puis, n’exagérons rien : dans neuf cas sur dix, vous verrez, à moins de postuler au CNRS ou au Real Madrid, vous serez opérationnel dans votre job en moins de trois mois (surtout quand il s’agit de remplir des tableaux Excel et des diapositives PowerPoint).

 

Peur n°3 : « Ce crétin immature est issu de cette horrible génération Y… »

Là, un démenti musclé s’impose. Pour ce faire, sollicitez le regard critique d’un quinqua de votre entourage et demandez-lui de pointer tout ce qui, chez vous, est susceptible de nourrir ce cliché (regard légèrement arrogant, CV légèrement déstructuré, tenue légèrement trop stylée…). Et puis, n’hésitez pas à préparer quelques arguments anachroniques du genre « J’aime la musique baroque », « Je veux m’inscrire dans la durée au sein de cette entreprise » ou « Je n’ai pas du tout l’esprit mercenaire » (petit menteur). Si vous ajoutez, phrase bonus, que vous regrettez amèrement « de ne pas avoir fait de stage ouvrier », la timbale est pour vous. Vous ferez la révolution une autre fois.

Retrouvez la page Facebook de Benjamin Fabre

 

L'équipe de Cadremploi
L'équipe de Cadremploi

Votre jobboard est aussi un média. Toute une équipe de journalistes, rédacteurs, community manager, vidéastes et infographistes s'activent en coulisses pour vous proposer des contenus inédits. Vous informer sur le marché de l'emploi, interviewer les meilleurs experts et vous conseiller pour vous lancer, on adore... Bienvenue dans la job zone !

Vous aimerez aussi :