# FYI : "J’ai une étiquette punaisée sur le front"

L'équipe de Cadremploi

Les recruteurs ont horreur du risque. Terrifiés à l’idée d’embaucher des candidats "hors-profil", ils passent leurs journées à sélectionner des clones et à favoriser la reproduction sociale. Comment faire, dans ce cas, pour changer d’orientation professionnelle ? La réponse de Benjamin Fabre, auteur de la chronique # FYI (for your information).

Description de la situation :

- Je suis désolé, dit le DRH, j’ai vraiment du mal à vous imaginer dans ce poste.

Évidemment. S’il y a bien une chose dont les recruteurs n’ont pas été encombrés à la naissance, c’est la faculté d’imaginer. Pour eux, impossible de se projeter. La moindre incertitude les met dans des angoisses épouvantables. S’ils cherchent, par exemple, un nouveau responsable marketing pour la division "tournevis cruciformes" de la zone Pologne-Lettonie-Ardèche, il leur faut absolument quelqu’un qui a déjà été responsable marketing, qui a déjà travaillé dans le business des tournevis (cruciformes appréciés) et qui a déjà habité en Pologne, en Lettonie et en Ardèche (dans l’ordre).

Dès lors, on comprend pourquoi il est si difficile de changer de voie. Fut-ce même d’un cheveu : pour un salarié lambda, passer du contrôle de gestion dans les cosmétiques au contrôle de gestion dans les cosmétiques BIO est une performance exceptionnelle (même Louis de Funès, avec l’autorité qu’on lui connaît, est toujours resté coincé dans sa "seringue" : ses producteurs ne l’ont jamais autorisé à dévier d’un iota de son registre d’excité). Et je ne parle pas des reconversions à 180 degrés…

Conclusion terrifiante : au fond, avec ce système, le premier stage que vous choisissez à l’âge de 22 ans vous engage quasiment pour la vie. Un peu comme si le fait de sortir, le soir du bac, avec une blonde d’1m61 à taches de rousseur et aux pouces écrasés vous condamnait ad vitam à ne sortir qu’avec des blondes d’1m61 à taches de rousseur et aux pouces écrasés…

Comment faire dérailler ce foutu destin ?

Les clés pour s’en sortir

En écoutant Benjamin Fabre. Si vous voulez changer d’orientation professionnelle, votre priorité doit être de prendre en compte la psychologie des recruteurs. Et les choses sont simples : puisque ces braves gens attendent de vous d’avoir déjà exercé le boulot pour lequel vous candidatez, vous n’avez qu’à leur faire croire que vous l’avez déjà exercé. C’est aussi bête que cela.

Illustration :

Reconversion envisagée

Discours

Contrôle de gestion → direction générale

« Être contrôleur de gestion, c’est déjà être DG : il n’y a pas de meilleur observatoire pour comprendre le business-model de l’entreprise et anticiper sa stratégie. »

Commercial  marketing

« Mon poste était à cheval entre la vente et le marketing. J’ai déjà élaboré des stratégies produit. J’ai déjà animé des groupes quali. J’ai déjà couché avec des publicitaires. »

Conseil en stratégie  écriture de livres

« PowerPoint et Word, même combat : ce sont juste deux lectures de la vie. »

Nutrition animale  Haute-couture

« Je me suis déjà occupé de juments. »

Finance d’entreprise  finance de marché

« Mais non, rassurez-vous. Je n’ai pas contribué à financer l’économie réelle. »

Expert-comptable  acteur de cinéma

« Je ressemble à Kad Merad. »

Banquier  auto-entrepreneur

« … »

(rien à dire sur cette reconversion idiote : multiplication du temps de travail par 2 et de la rémunération par 0,5. Heureusement qu’il n’y a personne à convaincre…)

 

Et vous ? Avez-vous déjà réussi un changement de voie ? Témoignez sur la page Facebook de Benjamin Fabre

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