Souvenez-vous de Yannick Miel, qui s'est notamment vendu sur eBay ou encore de Jean-Pierre Floch qui promettait 50 000 euros à qui lui décrocherait un job. Bonne nouvelle, un an plus tard, ils ont tous retrouvé un travail, mais pas forcément grâce au buzz qu'ils ont déclenché
L'exception qui confirme la règle
Dans le lot, Yannick Miel, titulaire d'un master 2 « Intelligence économique et management des organisations », est certainement celui qui a connu le plus de succès. « Ma démarche était double. Politique d'abord, car je voulais dénoncer par l'absurde la situation des jeunes diplômés qui rament aujourd'hui dans le monde professionnel et bien sûr je souhaitais aussi trouver un travail. J'ai réussi sur les deux plans », lâche-t-il, pas peu fier de sa réussite. Son culot a piqué la curiosité de Martin Hirsch, le Haut commissaire à la Jeunesse et aux Solidarités actives, qui lui permettra de rester au sein de son cabinet jusqu'en octobre dernier après avoir occupé deux CDD de quatre mois. « Je n'avais pas vocation à rester plus longtemps. On ne fait pas carrière dans les cabinets ministériels. Mais cette expérience m'a permis de croiser mon nouvel employeur » se félicite le jeune homme qui déborde d'ambitions. A 24 ans, il est désormais responsable de la licence professionnelle d'assurances, à l'Ecole nationale d'assurances à Paris, un institut du Conservatoire National des Arts et Métiers.
Des réactions, mais pas d'embauche à la clé
Décapante et inattendue, la « lettre ouverte aux membres du gouvernement » rédigée par une Audrey C. dépitée après un énième entretien d'embauche, a suscité bien des réactions. Si aucun membre du gouvernement n'a réagi à la missive, publiée sur son blog, qui dénonce les conditions désastreuses des jeunes diplômés en recherche d'emploi, son auteure a reçu des centaines de témoignages, sur son blog, de jeunes qui partageaient le même sentiment de galère. En plus, une quinzaine de chefs d'entreprises l'ont félicitée pour son initiative, mais aucun n'a pu l'embaucher, faute de moyens. « Honnêtement, je ne m'attendais pas à de tels retours. Mais c'est effarant : je reçois encore des messages d'internautes alors que ma lettre a été publiée il y a près d'un an », souligne la jeune diplômée en communication et multimédia. Depuis, les portes du monde du travail se sont ouvertes. Elle a été embauchée en CDI comme journaliste par le magazine culturel « Sortir Toulouse ». Le plus drôle dans l'histoire : « Mon nouvel employeur n'a jamais eu connaissance de ma lettre ouverte ».
Originaux s'abstenir
Jean-Pierre Le Floch, aussi a retrouvé du travail, mais comme pour Audrey, le buzz n'a pas été d'un grand secours. Suite à sa proposition pour le moins originale, ce quinquagénaire n'a eu que deux ou trois contacts avec des employeurs, sans plus. Fort de ce constat, il a repris une recherche d'emploi plus traditionnelle sans se vanter de son initiative iconoclaste auprès des recruteurs. Sa patience a porté ses fruits puisqu'il a retrouvé un poste de DAF en région parisienne. De son expérience, il en retire une leçon : les recruteurs n'aiment pas les profils et les démarches atypiques.
Des chances de succès très limitées
Si ces candidats assument leur geste, ils mettent en garde ceux qui seraient tentés de les imiter. Les recruteurs n'aiment guère ce genre d'exercice. Et mal fait, le buzz est une arme qui ne manquera pas de miner votre crédibilité. De son côté, Yannick Miel enfonce le clou. Il est persuadé que les chances de séduire, aujourd'hui, un employeur via le buzz sont minimes : « Mon succès n'est pas transposable. Outre le fait que je me suis longuement préparé, j'ai bénéficié d'un aléa qui a fait la différence. Quand j'ai fait l'homme sandwich à la Défense en février 2009, je me suis lancé un jour de beau temps, à 13 heures, au moment où les gens sortent pour déjeuner. Ma chance a été que ce jour là, à midi, sont sortis les pires chiffres de pertes d'emplois depuis une dizaine d'années. Mon action illustrait parfaitement l'actualité. La caisse de résonnance a été énorme. Si un avion s'était crashé au même moment à Roissy, mon action aurait été inaudible». Outre le facteur chance, la mode du buzz s'essouffle. « J'ai été dans les premiers, mais elle commence à prendre fin », avance Yannick Miel.
Ne pas bouder les conseils de la presse spécialisée
Que faire alors pour se démarquer ? Pas de mystère, pour Yannick Miel, la recette est intemporelle : bâtir patiemment son réseau, sortir de sa routine et aller à la rencontre des entreprises. Avec un « plugin » en plus : ne pas bouder les conseils de la presse spécialisée. « Au début de ma recherche d'emploi, les conseils régulièrement publiés sur des sites comme Cadremploi ou Keljob me semblaient dépassés. Je me rends compte aujourd'hui que se sont ces ingrédients qui font la différence ».
