Mieux vaut être grand et beau que... petit et moche pour réussir

Sébastien Tranchant

Vous avez été embauché en même temps qu'Arnaud, un collègue de bureau grand et sportif. Vous ne le savez pas encore mais, dans 10 ans, il gagnera plus que vous et aura davantage de responsabilités tout simplement parce qu'il est plus beau que vous...

C'est malheureusement vrai... Déjà en 1994, une étude américaine avait mis en lumière cette injuste réalité. Selon l'American Economic Association, le salaire des hommes et femmes ayant un physique avantageux est de 5 à 10 % supérieurs à celui de leurs collègues. Dans un autre registre, un article très sérieux publié en 2003 dans la revue de l'Insee « Economie et statistique » indique sans détour que « la taille élevée est un atout économique. » « A diplôme constant, les hommes de taille élevée font une meilleure carrière professionnelle car leur sont confiées davantage de responsabilités d'encadrement », écrit Nicolas Herpin, l'auteur de l'article. Preuve troublante : la taille moyenne des cadres supérieurs et professions libérales (177,6 cm), soit 3,2 cm de plus que les ouvriers.

Préjugés inconscients

Dans l'entreprise, la grande taille est clairement une variable favorable à l'avancement. « La grande taille donne la capacité à se faire entendre ou à se faire obéir, indique l'Insee. [...] Plus souvent que les petits et les moyens, les grands représentent leur entreprise à l'extérieur et sont en contact personnel avec la hiérarchie. » D'autres réserves sur le physique relèvent ainsi de l'implicite. « Comme tout le monde, je me doute que mon inconscient guide certains de mes choix » , reconnaît une responsable de recrutement en soustraitance industrielle. L'un des préjugés les plus répandus sur les personnes en surcharge pondérale porte sur leur supposé manque de dynamisme. « Je leur conseille de se présenter le plus naturellement possible, de montrer leur joie de vivre, encourage le recruteuse. Ainsi, le recruteur est mis en porte-à-faux par rapport à ses propres réserves. »

Valoriser les compétences

Avec un physique ingrat, l'accès à l'emploi peut également s'avérer plus compliqué. En septembre 2005, l'Observatoire des discriminations de l'université Paris I a publié les résultats d'un testing confirmant les préjugés à l'égard des personnes obèses. Sur un panel de 200 offres d'emploi, les résultats se sont avérés accablants pour les entreprises. En substance, les candidats obèses décrochent 1) deux fois moins d'entretiens ; 2) ils ont trois fois moins de réponses positives pour un poste de commercial ; 3) ils reçoivent 24 % de réponses positives en moins pour un job de télévendeur. Pour Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations, les moyens les plus efficaces pour lutter contre ces phénomènes seraient, par exemple, de « généraliser le CV sans photo et les techniques d'appréciation par simulation (assessment center) comme cela se fait déjà dans beaucoup de pays étrangers. Les recruteurs français doivent d'urgence faire évoluer leur grille de recrutement et valoriser davantage les compétences des candidats.»

Sébastien Tranchant
Sébastien Tranchant

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