Répondre à une offre d'emploi surdimensionnée

Sylvia Di Pasquale

Quand un candidat ne correspond qu'en partie au profil d'une annonce, il ne doit pas s'interdire d'y répondre. Mais c'est à lui d'expliquer au recruteur pourquoi il se sent de taille à postuler.

L'hésitation est légitime. On postulerait bien à cette offre d'emploi au slogan alléchant. « Pourquoi pas vous ? », « Venez déployez votre expertise chez nous », « Nous allons vous faire grandir »... Sauf que l'on ne correspond pas totalement aux critères énoncés dans l'annonce. Le poste proposé est trop important pour notre expérience un poil trop légère, notre formation un chouilla trop courte ou notre maîtrise de l'Allemand un brin trop nulle. Mais l'envie est plus forte que la raison. Et si le moment était effectivement venu de franchir un palier, d'élargir son champ d'action en prenant davantage de responsabilité  ? Voire de devenir chef quand on n'était que collaborateur ? Avant de se lancer, il faut relire l'annonce, la décrypter, et n'y répondre qu'après une évaluation impartiale de ses chances de réussite. Sous peine d'être éliminé d'un coup de clic.

Repérer les annonces mal ciblées

En établissant le profil du candidat idéal, il arrive aussi à certains recruteurs de fantasmer. Ils rêvent devant leur écran blanc d'un professionnel illico opérationnel, diplômé des meilleures formations, et bien sûr trilingue. Sauf qu'il doit être jeune, fondu de NTIC et accepter un salaire de débutant. A l'arrivée, le doux rêveur découvre les lois du marché : les expérimentés qu'ils ciblent ne répondent pas à son offre ou déclinent dès qu'ils réalisent que le salaire n'est pas négociable à la hausse. Il y a alors des chances qu'il jette son dévolu sur des profils plus juniors. D'où l'intérêt d'avoir pris la peine de répondre à ce type d'annonce mal ciblée. Il arrive aussi que le recruteur décale intentionnellement sa cible : « Pour un poste de responsable d'agence, nous espérions attirer des potentiels avec trois ans d'expérience, explique cette DRH d'un groupe industriel du bâtiment. Mais l'annonce ciblait des 5-6 ans car nous voulions tirer le profil vers le haut. Le salaire indiqué a mis la puce à l'oreille aux plus attentifs. » D'où l'importance de bien connaître les salaires du marché pour repérer un décalage et postuler s'il est significatif. Idem si l'annonce exige de l'expérience, sans préciser le nombre d'années. Ou encore si l'on demande aux candidats d'indiquer leurs prétentions salariales. Cela signifie que l'entreprise se donne une marge de manœuvre plus ou moins large, en fonction, justement, du profil des candidats.

Apporter des preuves de votre adéquation

Evidemment, il est des éléments avec lesquels il est impossible de transiger. C'est le cas lorsque certains diplômes sont exigés. Le critère est éliminatoire surtout si le CV passe par la moulinette d'un logiciel sensible aux mots clés. En revanche, si rien n'est précisé, il s'agit sans doute d'une entreprise qui valorise l'expérience dans son recrutement sans faire une fixette sur le diplôme. Dans ce cas, il faut prendre soin de motiver sa candidature en valorisant votre point fort : les savoir-faire acquis et les comportements professionnels qui vont avec. Ne laissez pas le recruteur se débrouiller seul avec votre CV ! Il faut expliquer clairement pourquoi vous estimez être capable de remplir la mission proposée dans l'annonce. « Un organisme scientifique cherchait un "business développeur", illustre ce chercheur en biochimie. J'avais déjà négocié des contrats commerciaux avec l'industrie. Dans ma lettre, je n'ai développé que ma casquette "business" car je me suis dit que le recruteur avait besoin d'être rassuré sur ce point, pas sur mes compétences scientifiques ». Ne pas bloquer sur le titre du poste proposé, prouver que le poste est un prolongement de son passé professionnel : voilà une manière habile de démontrer son ambition légitime. Ce que tout recruteur appréciera.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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