Surqualifié ? Comment postuler, quand même

Céline Chaudeau

Vous le voulez ce poste, provisoirement peut-être, mais au vu de votre curriculum, vous êtes sûr de vous entendre dire, que, "malheureusement, vous êtes « surqualifié »". Voici comment convaincre…

Elle appelle cela le « principe d’acceptation ». Quand la conjoncture est mauvaise, Stéphanie Roels, coach chez Élysée Coaching, aide certains de ses clients à revoir leurs prétentions à la baisse. Temporairement, du moins. « On peut composer avec le marché tout en gardant son ambition intacte, assure cette ancienne responsable en ressources humaines. De nos jours, plus personne ne pense s’enterrer toute sa vie dans la même entreprise. » Philippe Hemmerlé, directeur du cabinet CV First, confirme : « En temps de crise, on accompagne de plus en plus d’anciens directeurs généraux qui postulent à des postes de « simples » directeurs commerciaux. »

Lettre de motivation pour un poste sousqualifié

Mais pour cela, poursuit l'expert, “ces cadres doivent vraiment formuler leurs lettres de motivation avec soin”. But de la manœuvre : combattre l’idée d’une apparente régression. « Quand un profil lui paraît surdimensionné, un recruteur a besoin d’être rassuré sur la motivation et la stabilité du candidat, explique Stéphanie Roels. Cette nouvelle recrue va-t-elle continuer de chercher un poste à l’extérieur ou chercher à évoluer trop vite dans ses fonctions ? » Car une erreur de casting peut coûter cher. Si le candidat démissionne trop vite, il ruine un processus de recrutement souvent long et compliqué. Et s’il reste en poste tout en pensant mériter mieux, il deviendra vite gourmand ou démotivé. Et, par ailleurs, certainement, difficile à licencier.

« Pour convaincre le recruteur, il faut faire passer l’idée que ce poste « inférieur » correspond surtout à un souhait… d’évolution, conseille Philippe Hemmerlé. Par exemple, après avoir occupé plusieurs postes, rien ne vous interdit de vouloir vous spécialiser dans une fonction où vous vous êtes déjà distingué et épanoui. Ce qui ne vous empêche pas, si vous avez déjà occupé des fonctions d’encadrement, de valoriser les qualités de communication et l’autonomie que vous avez acquises. » Dès lors, le candidat ne paraît plus surqualifié : il a plus de valeur ajoutée, nuance...

Le salaire d'un candidat surqualifié

L’enjeu sera donc de donner au recruteur l’impression - souvent justifiée - qu’il fait une affaire. Surtout quand le candidat doit consentir, au passage, à un léger sacrifice financier. « Si on s’en étonne, dites juste que vous êtes prêt à accepter un salaire plus faible pour un travail plus intéressant ou qui vous correspond mieux, conseille Philippe Hemmerlé. Ca marche à tous les coups ! »

Mais gare au faux pas. Dans une telle configuration, Stephanie Roels recommande d’éviter certaines questions contre-productives pendant l’entretien. « Bien sûr, on peut toujours espérer secrètement une future promotion dans l’entreprise, mais mieux vaut ne pas en parler ouvertement pour ne pas dissuader le recruteur, explique-t-elle. Idem pour la rémunération : il peut être prématuré d’envisager une rapide évolution salariale. »

Selon la coach, ses démarches ne serviront à rien si le candidat, lui même, n’est pas le premier convaincu par son discours. « S’il y va à reculons, le recruteur le sentira. Avant de se lancer, il doit avoir accepté l’idée et y voir son intérêt. Surtout que, souvent, il ne s’agira que d'une parenthèse. Il doit rassurer le recruteur sur son implication dans le poste mais lui promettre une stabilité assez relative. Aujourd’hui on ne s'engage plus pour la vie : il est devenu courant d’envisager sa carrière comme une succession d’expériences d’environ deux ans. »

Céline Chaudeau @ Cadremploi.fr

Céline Chaudeau
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