Question n°1 : « Vous habitez un peu loin, non ? »
En quoi cela le regarde ? Détrompez-vous. « C’est une vraie question stratégique pour un employeur, assure Mickaël Cabrol, fondateur du cabinet Easyrecrue. Avec le succès d’applications de recherches d’emploi géolocalisées, ils se méfient car il y a une vraie tendance chez les candidats à privilégier des emplois situés de plus en plus proches de chez eux. » « Dans le doute, l'idée est de limiter les risques que certains candidats, habitant loin, continuent de chercher et trouvent un autre poste plus près de chez eux dans l'année qui suit, estime Alexandre de Gennaro, auteur du guide "Entretien d'embauche, comment faire la différence ?". Mais pour ce chasseur de tête, tout n’est pas perdu. « Quand le sujet est évoqué, il ne faut pas avoir l’air surpris et montrer que l’on a bien mesuré certaines dispositions pratiques. Sans oublier de rappeler que l’on est motivé. Et d’expliquer qu’on a déjà parcouru ce type de distance, que l’on est habitué et que l’on a trouvé le moyen d’avancer sur certains dossiers pendant son temps de transport, par exemple. »
Question n°2 : « Vous êtes mobile, n’est-ce pas ? »
Parfois, le poste proposé implique un déménagement. « Là aussi, seront privilégiés les candidats qui ont clairement envisagé tous les aspects pratiques, poursuit Alexandre de Gennaro. Il n’y a rien de pire qu’un candidat qui s’interroge soudain tout haut sur la vente de sa maison, les écoles pour les enfants ou comment le conjoint va réagir. » Cet expert suggère de se poser d’abord ces questions, par ailleurs on ne peut plus légitimes, chez soi et en famille pour arriver plus serein. « Si le candidat explique que le conjoint ne travaille pas ou qu’il pourrait avoir de bonnes pistes dans la nouvelle région, et s’il ajoute que ce projet enchante la famille, il rassure le recruteur. »
Question n°3 : « Qui va garder les enfants ? »
C’est souvent LA question qui fâche (les femmes, en général) et qui est rarement posée de façon frontale. « Je rappelle souvent aux recruteurs que c’est illégal de poser des questions trop personnelles en entretien », précise Marjorie Di Placido, fondatrice du cabinet Human’iT. Cette chasseuse de têtes invite cependant à ne pas négliger la question. « Si l’interrogation est posée ouvertement, on peut retourner la question et demander au recruteur quelles sont ses craintes et le rassurer de façon très neutre sur son investissement. » Mais surtout, elle recommande aux candidats - y compris les hommes - d’être très sensibles aux "perches" tendues. « Si un recruteur évoque soudain ses enfants et ses problèmes de logistique familiale, sachez que ce n’est pas anodin. Il peut être judicieux de rebondir en précisant que, de son côté, l’on a une excellente organisation ou que ses enfants sont grands. » Autres variantes : toute question sur la flexibilité de ses horaires ou sa mobilité peut aussi trahir une inquiétude du recruteur. « Il faut juste rassurer le recruteur sur sa disponibilité et sa motivation, insiste Mickaël Cabrol. Si les questions vont trop loin, en revanche, on peut s’interroger sur sa propre motivation à intégrer telle ou telle entreprise. »
Question n°4 : « Avez-vous prévu des vacances ? »
Plus légère, la question des congés revêt aussi son importance. « Même si, la première année, les candidats ne sont pas censés prendre de vacances, il n’est pas rare, surtout pour un recrutement au printemps, que la question soit d’actualité », constate Mickaël Cabrol. Pour ce recruteur, un employeur appréciera d’être fixé sur d’éventuelles réservations déjà effectuées. « C'est toujours bien de prévenir si on envisage des congés qui suivent l’intégration. À priori, une entreprise ne devrait pas vous empêcher de vous reposer. » Malgré tout, il faut savoir quoi répondre si c’est un souci pour l’entreprise. « Il ne pas laisser le recruteur dans le flou. Si un candidat peut faire une croix sur des vacances parce que son nouveau poste l’exige, mieux vaut le préciser. Même si un nouvel employeur peut légalement s’opposer à des congés la première année, personne n’a envie de débuter une collaboration avec des tensions. »
Question n°5 : « Quand seriez-vous disponible ? »
Le dernier sujet est plutôt prometteur. « C’est plutôt bon signe quand un recruteur commence à évoquer la durée d’un préavis ou une éventuelle clause de non-concurrence », sourit Marjorie Di Placido. Traduction : un recruteur commence à s’interroger sur les modalités pratiques d’une future intégration. Mais gare aux faux pas. « Quand on se projette, on en vient à des questions organisationnelles qui peuvent soulever quelques questions juridiques, notamment avec des profils de commerciaux. » Dans ces cas-là, un recruteur appréciera d’être averti des éventuelles clauses stipulées dans le précédent contrat. « Il y a un devoir de transparence mais aussi de savoir-être, poursuit la chasseuse de têtes. Même si on peut contourner certaines mesures, un recruteur appréciera moyennement qu’un candidat promette d’emblée de violer une clause de confidentialité ou de non concurrence liée à certains de ses clients. Il ne faut pas brûler les étapes. »
