Candidat sportif
« J’ai vu débarquer un jeune homme en jogging et baskets avec une serviette éponge autour du cou tout transpirant pour un poste de directeur de projet. Devant mon air ébahi, il m’explique que pour assister à l’entretien, il a pris un jour RTT et en a donc profité pour faire du sport. D’où sa tenue. Ma réponse a été brève : "moi j’ai pris la peine de m’habiller correctement pour vous recevoir. Je n’ai rien contre le style casual mais là c’est au-delà du décontracté". Je l’ai salué et nous nous sommes séparés », se souvient Renaud Ramia-Ramanana, directeur chez Clémentine.
Relation extra conjugale
« Une candidate a fondu en larmes quand le consultant l’a interrogé sur ses relations avec son ancien employeur. Rapidement, il comprend qu’elle était la maîtresse du boss tout juste décédé. Elle avait répondu à notre annonce pour un poste de DAF car la femme du défunt venait de reprendre les commandes de la PME familiale », raconte Corinne Cabanes, dirigeante du cabinet de recrutement éponyme.
I’m Mappy
« Le candidat arrive, sort une feuille A4 et trace une ligne droite entre un point A et un point B, représentant deux stations de la ligne 1 du métro parisien. Et précise "je n’accepterai pas de poste en dehors de ces limites et je ne veux pas avoir à faire de changement". Il n’a pas été retenu pour le poste », raconte Stéphane Boukris, dirigeant d’Ametix.
Wikipédia, sors de là
« Un candidat à un poste de chef de projet a débarqué avec des pages imprimées de Wikipédia portant sur la méthodologie de gestion de projet. À chaque question portant sur le sujet, il s’y référait ouvertement. Surpris, je m’en étonne : "je ne comprends pas, sur votre CV, vous indiquez que vous maîtrisez la gestion de projet ?". Sans se démonter, il me répond avoir indiqué ces mots clés sur son CV mais qu’en réalité, il n’a jamais œuvré sur le sujet. Il voulait à tout prix décrocher un entretien. J’ai été bluffé par son culot monstrueux mais aussi par sa franchise. Évidemment, il n’a pas été retenu mais nous lui avons trouvé un autre poste à sa mesure. Et 5 ans plus tard, il est devenu… directeur de projet », raconte le dirigeant du cabinet Clémentine.
Résiste, prouve que tu existes
« J’ai rencontré un candidat pour un poste d’ingénieur sécurité. Après les questions habituelles sur son parcours, je l’interroge sur sa personnalité. À la question "comment résistez-vous au stress ?", il s’évanouit sur sa chaise. J’ai attendu qu’il se reprenne et lui ai apporté un verre d’eau et proposé de faire une pause », raconte Jean-Marc Boussidan, directeur général du groupe Eolen.
Expression modifiée
« Je ne compte plus les expressions remises au goût du jour par les candidats. Ainsi, l’un d’eux m’a une fois servi "l’entreprise a le vent en poulpe" ou encore "je passe du Cocalight" en lieu et place du "coq à l’âne". Et je vous assure ce n’était pas une plaisanterie », sourit Johanna Darot, responsable RH du groupe CoSpirit MediaTrack.
Happy family
« À la question "parlez-moi de vous", un candidat commence par évoquer ses enfants, 5, en donnant leur prénom, leur classe, la personnalité de chacun… En clair, il manquait d’à propos, mais aussi d’esprit de synthèse », résume Corinne Cabanes.
Johanna Danot a dû gérer la maman d’un candidat souhaitant assister à l’entretien. « Je lui ai expliqué qu’elle devrait patienter dans la salle d’attente et que je lui rendrais son fils en pleine forme après. Au début du rendez-vous, j’ai alerté le jeune ingénieur de 23 ans sur le fait que la présence de sa mère mettait en doute sa capacité à être autonome », sourit-elle.
Départ anticipé
« Notre processus de sélection débute en général par le passage de tests techniques et de personnalité. On installe donc le candidat dans une salle et on le laisse plancher. Je reviens 20 minutes plus tard, la pièce est vide. Je le cherche partout pendant plus d’une heure et je finis par recevoir un SMS laconique de sa part : "j’ai passé l’âge de remplir des quizz. Bon courage pour la suite", sourit encore Stéphane Boukris.
« En plein entretien, une candidate s’est éclipsée pour aller aux toilettes et n’est jamais revenue. J’ai essayé de lui laisser des messages. Rien, aucun retour de sa part. Au départ, je l’ai sentie stressée et sous pression mais pas au point de fuir », se souvient Johanna Danot.
Vision d’entrepreneur
« À la question, "quels sont vos projets à 3 et 5 ans", un candidat à un poste de directeur commercial pour une start-up a répondu tout de go : "travailler quelques mois avec votre client (ndlr : donc la start-up) puis créer mon entreprise car j’aurai vu toutes les erreurs à ne pas commettre". Et le consultant de conclure "eh bien, celle-là, vous ne l’aviez pas vue". Évidemment, il n’a pas été embauché », raconte Corinne Cabanes.
Toc, toc, toc
« Installés dans mon bureau, nous commençons à échanger sur son parcours et sur le poste d’ingénieur à pourvoir. Rapidement, je vois que l’attention du candidat est attirée ailleurs. Ses yeux ne cessent de faire des allers-retours entre moi et mon bureau. Au bout d’une dizaine de minutes, il craque : il se penche sur le bureau et commence à tout réorganiser. Téléphone portable, stylos, feuilles de papier, cahier : tout y passe. Etonné par ce comportement, je le regarde faire. Quand il s’arrête et que le silence se prolonge, il m’explique qu’il a quelques petites manies organisationnelles », se remémore Jean-Marc Boussidan.
Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.