
Avez-vous déjà fait passer un entretien d’embauche ? Croyez-moi, c’est une des épreuves les plus assommantes du monde moderne. Les regards constipés des candidats… Leur langage "corporate"… Leurs récits soporifiques… À côté, mes cours de fiscalité et de latin-grec étaient des divertissements fabuleux. Je n’aurai qu’un conseil : si vous voulez appâter votre recruteur, faites en sorte d’enchanter un peu l’événement. Vous avez su le faire pour votre mariage ? Vous saurez le faire pour votre entretien :
Critère de réussite | Application à l'entretien d'embauche |
La tenue | La préoccupation n°1 des futures mariées. En moyenne, elles consacrent 17,2 heures à la recherche de leur robe blanche. Pourquoi ne pas apporter le même soin à celle de votre tenue d’entretien ? Et le même budget ? Des talons choisis, un bustier renversant, et la première manche serait déjà gagnée… Bien sûr, si ce conseil sexiste vous offusque, vous êtes libre de continuer à sillonner les agences Pôle emploi avec vos souliers plats et vos collants imprimés. Pour les messieurs : un costume bleu marine (le seul possible) + un petit détail fou (un reflet rose sur vos chaussures, une pochette turquoise, une touche de mascara…). Comme dirait Anna Wintour, « Si tu ne peux pas être mieux que la concurrence, tu peux déjà mieux t’habiller. » |
Le lieu | Là encore, sus aux usages. Les tentes, châteaux et abbayes commencent à taper sérieusement sur le système des noceurs (alors qu’un théâtre, un chalet d’altitude…). Il en va de même pour l’entretien : au lieu de l’habituel siège social, proposez un endroit cool et divertissant (bar de musée, bar d’hôtel, bar à vins…). Le type sera un peu désarçonné, mais se souviendra de vous pour l’éternité. |
La bouffe | Là, en revanche, aucun parallèle possible... Ça tombe bien, car malgré les efforts du chef, personne ne se souvient jamais du menu après un mariage (sauf si c’était brûlé). |
Les happenings | Une manière efficace d’épicer les festivités : discours (désopilants) des témoins, chansons de groupe, feux d’artifice… Eh bien, le recruteur aussi aime qu’on le divertisse, figurez-vous. Montrez-lui une vidéo sur votre tablette tactile. Lisez-lui une page de Flaubert. Chantez-lui une chanson… Bon Dieu, les gens paient 600 € pour un concert de Bono ou un but de Zlatan, le frisson ne sera jamais votre ennemi. |
Le psychodrame famillial | Indispensable. C’est pour cela, au fond, qu’on fait le déplacement : pour assister au pétage de plombs de la belle-mère, au règlement de comptes de la fratrie ou au craquage de la mariée sur le perron de l’église… N’est-ce pas la seule chose dont vous vous rappellerez ? Avez-vous déjà raconté un mariage en disant « La mariée était belle, la musique géniale et le champagne excellent » sans percevoir dans votre auditoire une profonde déception ? C’est pareil pour l’embauche : pendant votre entretien, il vous faut un heurt. Un rebondissement. Un moment où les gorges vont se serrer, le sang courir plus vite... Narrez le burn-out de votre ancien boss. Versez une larme au sujet de votre ancien collègue (décédé bêtement dans un accident de voiturettes de golf). Il doit se PASSER QUELQUE CHOSE. |
Un moment de communion | Vers la fin de la soirée, il y a toujours ce moment où ne restent que les meilleurs, ceux qui sautent tous ensemble / tous ensemble sur Johnny ou les Black Eyed Peas (ou Les lacs du Connemara, pour les anciens de Jouy-en-Josas). Vous aussi, communiez avec votre recruteur. Débusquez-vous une passion commune (ou inventez-la). Un ami commun. Un(e) ex commun(e)… Bref, quelque chose qui vous rapproche. On s’en fout pas mal des compétences techniques. Le contrôle de gestion s’apprend en une semaine. Vibrez à l’unisson avec le gusse. Prenez-le dans vos bras. Parce que désormais, c’est votre N+1. |
