Soft skills : quelles sont celles que les entreprises s'arrachent ?

Fleur Chrétien

Soft skills : si vous n’en avez jamais entendu parler, il est temps de vous mettre à la page. En 2024, elles continuent de prendre une part toujours plus importante dans les recrutements. Les recruteurs sont à la recherche de profils aux softs skills très particuliers. Pensée analytique et pensée créative en tête de liste.
Soft skills : quelles sont celles que les entreprises s'arrachent ?

Qu'est-ce qu'une soft skill ?

Exit les embauches basées uniquement sur les diplômes, les performances linguistiques et les mille et un langages informatiques maîtrisés. Ce qui compte aujourd’hui, ce sont les compétences comportementales… autrement nommées soft skills, terme qui désigne à la fois l’intelligence relationnelle, les capacités de communication, les aptitudes interpersonnelles. Bref, toutes ces capacités complémentaires à celles techniques, que l’on nomme, par opposition, les « hard skills ».

Quelles sont les soft skills ?

Dans son rapport « Future of Work » de 2023, le World Economic Forum énumérait les dix compétences les plus recherchées par les entreprises. Parmi elles, une grande majorité de soft skills. L'institution a également fait la liste des compétences pour lesquelles la demande devrait le plus augmenter d'ici 2027. Là aussi, ce sont les compétences relationnelles qui dominent. Selon l'étude, les entreprises estiment que d'ici 2027%, 44% des compétences professionnelles seront bousculées, obligeant donc les travailleurs à mettre à jour leurs compétences. Cadremploi a dressé pour vous la liste des dix compétences douces qui font d’un candidat la perle rare !

La pensée analytique

C'est à la fois la compétence la plus demandée et la deuxième dans la liste de celles dont l'importance devrait croître d'ici 2027. Les compétences cognitives sont d'ailleurs celles qui sont le plus demandées selon le rapport. La pensée analytique représente 9,1% de l'ensemble des compétences fondamentales citées par les entreprises, et 68% la considèrent comme fondamentale. Son importance devrait croître pour 72% des sociétés interrogées, et 48% en font une de leurs priorités dans leurs programmes d'amélioration des compétences.

La pensée analytique est un mode de pensée conscient, qui fait appel à la logique. Elle est utile en entreprises pour la résolution de problèmes complexes, car elle aide à identifier les problèmes, à les analyser, à trouver une solution, en étant capable de décortiquer, décomposer un problème complexe afin d'obtenir des éléments plus simples à traiter et de produire un raisonnement logique et cohérent.

La pensée analytique peut être testée en entretien d'embauche, soit avec des tests de logique, soit en demandant au candidat de raconter un problème complexe et / ou analytique auquel il a été confronté, et comment il l'a résolu. Il est alors important de détailler les étapes de son raisonnement afin de mettre en avant sa pensée analytique.

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La pensée créative

Autre capacité cognitive très importante pour les entreprises, puisque c'est la deuxième la plus citée, et la première quand il s'agit des compétences en forte croissance. 56% des entreprises interrogées par le Forum Economique Mondial la considèrent comme une compétence fondamentale, et 73% estiment que la demande pour cette qualité va progresser dans les années à venir. 42% en font une priorité dans leurs plans de formations. Selon l'étude, l'écart entre la recherche de pensée analytique et de pensée créative chez les entreprises diminue, la seconde rattrapant presque la première. Le rapport suggère que cette importance croissante donnée à la créativité peut être liée à l'automatisation croissante des tâches professionnelles. Les entreprises chercheraient donc chez leurs salariés des compétences qui ne sont pas imitables par des machines.

Source d’innovation, la créativité est la compétence-reine des start-up : elle permet de s’éloigner des schémas de pensée dominants, elle ouvre à de nouvelles alternatives, elle invite à disrupter les modèles… et permet même de trouver un océan bleu ! Et comme tout le monde le sait, qui n’innove pas meurt. D’où l’importance de la créativité, en start-up mais aussi dans toute entreprise qui souhaite s’assurer un avenir à moyen terme.

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La résilience, la flexibilité et l'agilité

C'est la troisième compétence la plus citée par les entreprises (50% d'entre elles), et la cinquième dans la liste de celles en croissance (66% estiment que son importance va augmenter). 32% des entreprises en font une priorité dans leurs programmes de mises à jour des compétences.

Il s'agit ici de compétences liées à l'efficacité personnelle . Elles donnent la capacité de s'adapter à des environnements professionnels en constant changement. La flexibilité, c’est cette forme de souplesse qui permet de s’adapter à des personnes, des situations et des problématiques. Dans des environnements de plus en plus instables, elle est une soft skill indispensable. De même pour la résilience : il s'agit de la capacité à s'adapter, à surmonter les différentes épreuves rencontrées et à avancer sans se laisser déstabiliser par ces événements. Quand à l'agilité, elle est aussi très prisée en entreprise, puisque les individus agiles sont capables de réagir rapidement aux imprévus, voire dans les cas plus favorables d'anticiper les nouvelles tendances.

La motivation et la conscience de soi

Quatrième tendance (citée par 49% des entreprises), mais seulement huitième dans la liste des compétences en croissance, la motivation et la conscience de soi sont des fondamentaux importants pour les entreprises. 59% voient d'ailleurs ces compétences liées à l'efficacité personnelle prendre plus d'importance dans les années à venir, et 24% en font une de leurs priorités de formation.

Se connaître et être capable de trouver - et prouver sa motivation - sont évidemment indispensables en entreprise, pour être productif comme pour être capable de progresser. Si la motivation est un basique depuis des décennies, la conscience de soi est apparue plus récemment chez les recruteurs. Il s'agit de la capacité à avoir une représentation assez précise de soi et de ses qualités, et à réfléchir sur soi-même, sa façon de fonctionner, ses sentiments... La conscience de soi permet d'être plus lucide sur ses qualités et ses défauts, plus réceptif aux feedbacks, et se traduit souvent par une plus grande motivation pour apprendre et s'améliorer. Une compétence très utile pour faire face à l'évolution permanente des compétences.

En entretien d'embauche, il est possible de faire transparaître sa conscience de soi en se montrant réaliste sur ses succès et ses points forts comme sur ses erreurs et ses points faibles, qui sont alors vus comme des axes d'amélioration. Avoir du recul sur ses expériences, être honnête sur ses envies de progression, et savoir expliquer ce qui nous motive et comment nous fonctionnons sont des atouts face à un recruteur.

La curiosité et la capacité d'apprentissage

Cinquième compétence la plus prisée selon le World Economic Forum (46% des entreprises la considère comme fondamentale), la curiosité et la capacité d'apprentissage sont même quatrième dans la liste des compétences en demande croissante d'ici 2027. 67% des entreprises estiment en effet qu'elles vont encore prendre de l'importance dans les années qui viennent. Et 29% en font une priorité dans leurs plans d'amélioration des compétences.

A l'heure où l'obsolescence des compétences, notamment technique, est de plus en plus rapide, il devient parfois plus important de savoir apprendre que de maîtriser de façon figée des dizaines de compétences techniques. Si elle est si demandée, c'est notamment que les recruteurs sont à la recherche de profils capable de s’adapter à tout type de situation. Car un candidat adaptable a le sens des priorités et n’est pas déstabilisé par les changements et imprévus. Un vrai plus pour l'entreprise en ces temps de crise. La curiosité favorise également la remise en question et la recherche de solutions innovantes, plutôt que l'application perpétuelle de routines.

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La fiabilité et l'attention aux détails

Septième dans les tendances, derrière les compétences technologiques, la fiabilité et l'attention aux détails sont fondamentales pour 43% des entreprises interrogées par le Forum Economique Mondial. Si 52% estiment que son importance va croître dans les années qui viennent, elle ne fait pas partie des dix compétences amenées à se développer le plus, selon le rapport. 17% des sociétés en font tout de même une priorité dans leurs programmes de mise à jour des compétences.

L'importance de cette aptitude liée à l'efficacité personnelle est plus ou moins élevée selon les industries - elle est évidemment demandée dans celles où la précision fait partie intégrante de l'activité. Elle se caractérise par une grande rigueur en toute occasion, de la minutie, de la précision, voire un certain perfectionnisme. Cela réduit le risque d'erreurs, et donc évite à l'entreprise de perdre de l'argent. C'est donc une qualité à mettre en avant. Des tests de compétences permettent de tester l'attention portée aux détails textuels ou visuels, c'est donc quelque chose qui peut se préparer en amont d'un entretien.

L'empathie et l'écoute active

Cette compétence est huitième dans la liste du Forum Economique Mondial, avec 42% des entreprises qui l'estiment fondamentales. 52% pensent qu'elle va prendre une importance croissante d'ici 2027, et 24% en font une de leurs priorités de formation. Pour autant, l'empathie et l'écoute active ne figurent pas dans le top 10 des compétences qui devraient prendre de l'importance à l'avenir.

Cette compétence est liée à la capacité de travailler avec les autres. En effet, elle permet de se mettre à la place de l'autre, de chercher à le comprendre réellement, et facilite donc la communication avec ses équipes, ses collègues, ses supérieurs hiérarchiques, ses clients et ses prestataires. L'écoute active nécessite d'abord d'accorder toute son attention à la personne avec qui on échange et d'être pleinement disponible pour elle. Elle cherche à la comprendre réellement, sans jugement ni volonté d'avancer son propre point de vue, en recourant à des techniques telles que le questionnement, la reformulation, mais aussi les silences. L'empathie et l'écoute active sont liées à l'intelligence émotionnelle. Vous voulez savoir comment développer son intelligence émotionnelle ? Notre article vous explique comment.

Le leadership et l'influence

Cette soft skill se classe neuvième des compétences les plus demandées, et 39% d'entreprises l'estiment fondamentale. Elle ne fait cependant pas partie des dix compétences dont l'importance devrait croître le plus dans les années à venir, mais 53% des entreprises la voient tout de même prendre de l'importance d'ici 2027, et 40% en font une priorité dans leurs programmes de formation.

Le leadership fait partie des compétences permettant de travailler avec les autres. Elle est utile aux managers, mais pas seulement. En effet, le leadership se caractérise par la capacité à influencer un groupe et susciter l'adhésion autour de soi. C'est donc une qualité très utile pour mener à bien des projets collectifs. L'influence fait partie intégrante du leadership, puisque celui-ci ne consiste pas à obtenir des résultats en usant de contraintes ou de sa position hiérarchique, mais bien en suscitant l'enthousiasme et la motivation. Il s'agit bel et bien d'une compétence qui se travaille : être charismatique ne suffit pas pour avoir du leadership.

Le leaderhip est distinct des capacités de management pur mais les deux se complètent. En effet, le management consiste à faire travailler, motiver et fédérer les équipes. Le leadership est lié au sens du collectif, de plus en plus indispensable en entreprise. Savoir penser collectif, renforcer la cohésion et porter le groupe constituent des compétences qui peuvent faire la différence !

La pensée systémique

Cette compétence ne fait pas partie du top 10 de celles les plus demandées par les entreprises, mais elle est en forte croissance, puisqu'elle est sixième dans la liste des compétences qui devraient voir leur demande le plus s'accélérer d'ici 2027.

La pensée systémique est une faculté cognitive à appréhender des phénomènes dans leur ensemble. Elle permet de comprendre les interactions et interdépendances entre les différents éléments, sans perdre de vue la vision d'ensemble, et en considérant l'ensemble des éléments et interactions comme un système global. Cette approche est différente de la pensée analytique, les deux peuvent être complémentaires selon les situations. La pensée systémique peut être utile pour mener à bien des projets complexes ou des missions en lien avec la stratégie de l'entreprise.

Le sens du service

Là encore, cette soft skill ne fait pas partie de celles les plus recherchées actuellement, mais elle figure en dixième place sur la liste de celles amenées à se développer rapidement d'ici 2027. 33% des entreprises interrogées par le Forum Economique Mondial la considèrent déjà comme fondamentales, 24% en font une priorité de développement des compétences, et 55% la voient prendre une importance croissante à l'avenir.

Dans un cadre où les fonctions sont de plus en plus transverses, l’entreprise a besoin de profils capables de sortir de leurs missions pour mettre leurs compétences au service de l’entreprise. Que ce soit pour aider un autre département, coacher un collègue ou gérer une urgence, votre sens du service prouve que vous êtes une personne sur qui l’on peut compter. Et pour l’entreprise, cette qualité n’a pas de prix !

Dans son rapport de 2020, le Forum Economique Mondial indiquait douze soft skills comme les plus demandées : autonomie, capacité d'adaptation, résolution de problèmes complexes, esprit critique, créativité, management, esprit d'équipe, intelligence émotionnelle, jugement et prise de décision, sens du service, négociation, flexibilité. Cette liste a donc évolué, mais certaines compétences fondamentales perdurent.

Comment dire "soft skill" en français ?

Littéralement, "soft skill" signifie "compétence douce", par opposition à "hard skill", compétence dure", liée directement à des sujets techniques. De façon plus claire, "soft skill" peut se traduire par "compétence relationnelle", "compétence comportementale", ou plus rarement, "compétence interpersonnelle" ou "savoir-être".

Sur le sujet des soft skills, vous pouvez lire et écouter aussi >>

Fleur Chrétien
Fleur Chrétien

Spécialisée dans la conception et la création de contenu (écrit et audio), je suis journaliste, consultante et intervenante en enseignement supérieur. Depuis 2018, je travaille pour Cadremploi en tant que rédactrice indépendante.  Mes sujets de prédilection : l’innovation managériale, les méthodologies de travail, les soft skills, et les aspirations des cadres.

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