Expatriation : quels pays recrutent le plus de Français ?

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L’expatriation professionnelle est une aventure qui séduit de plus en plus de Français. Mais où se trouvent les opportunités les plus nombreuses ? Plusieurs experts ont dressé la liste des villes internationales les plus dynamiques en terme d’emploi pour les Français.
Expatriation : quels pays recrutent le plus de Français ?

2,5 millions de Français seraient expatriés, selon les estimations du ministère des Affaires Etrangères – mais seuls 1,7 millions sont inscrits au registre des Français établis hors de France. Les Français sont de plus en plus désireux de s’expatrier depuis le début des années 2000. « Depuis 25 ans, le besoin d’aller voir un peu ailleurs est de plus en plus répandu, remarque Laurent Girard-Claudon, fondateur du cabinet de recrutement international Approach People Recruitment. Pas forcément pour toujours : partir pour mieux revenir, et postuler ensuite à des offres plus élevées. »

Parmi les expatriés, 64% des femmes et 75% des hommes travaillent, selon les données d’ExpatCommunication, cabinet d’accompagnement à l’expatriation. Où aller pour maximiser ses chances d’être recruté ? Hervé Heyraud, fondateur du Petit Journal, média de référence sur l’expatriation, rappelle qu’au niveau global, « les chiffres sont assez méconnus » : les données les plus exhaustives concernent les Français enregistrés sur les listes du ministère, en sachant que « la première motivation pour partir à l’étranger, c’est le travail », donc ces chiffres donnent une idée des pays les plus attractifs. Il rappelle que la moitié des expatriés restent en Europe (UE ou non).

Royaume-Uni

Selon Approach People Recruitment, spécialisé dans le recrutement en Europe, les offres d’emploi émanent essentiellement de Londres – presque 40% des offres. Pour autant, le cabinet ne recommande pas nécessairement à ses candidats d’opter pour la capitale britannique. En effet, avec le Brexit, les conditions administratives pour y travailler se sont complexifiées, puisqu’il faut un visa, les loyers sont extrêmement chers… Tout dépend du projet, mais le cabinet a plutôt tendance à conseiller des destinations au sein de l’Union Européenne.

D’ailleurs, d’autres intervenants nuancent le dynamisme du marché de l’emploi britannique, en raison du Brexit, mais également d’une certaine stagnation économique.

Irlande

Dans le classement d’Approach People des villes recrutant le plus de Français, viennent ensuite Dublin, Genève, Zurich, Luxembourg, Bruxelles, Amsterdam, Barcelone, Berlin puis Lisbonne. « Des destinations souvent privilégiées pour leur proximité culturelle, les opportunités professionnelles en finance, tech, ou encore santé, et leur qualité de vie », selon le cabinet. Laurent Girard-Claudon et Emilie Narcy, directrice des ressources humaines d’Approach People, louent notamment les qualités de Dublin, dans laquelle la société a été initialement fondée il y a vingt-cinq ans : opportunités professionnelles, accueil, vie culturelle, sentiment de sécurité, multiculturalité…

Allemagne

Par ailleurs, en Allemagne il y a toujours « une forte demande. Quelques bases d’allemand aident », conseille Emilie Narcy. Même si le pays connaît une légère diminution de son activité économique, ce qui peut réduire les opportunités professionnelles. Cela reste cependant « le premier pays où les Français s’installent », selon Alix Carnot, directrice associée d’ExpatCommunication. Selon le réseau CCI (Chambres de commerce et d’industrie) France International, dont certains bureaux locaux ont des structures de soutien aux entreprises, avec parfois des services d’offre d’emploi, l’Allemagne est à la fois l’un des pays où le réseau reçoit le plus d’offres d’emplois, et l’un de ceux où il y a le plus de placements de candidats – tout comme le Danemark et, dans une moindre mesure les Pays-Bas. D’ailleurs, pas besoin d’être néerlandophone pour s’expatrier en Hollande, la langue de travail étant souvent l’anglais.

Suisse

Genève est quant à elle vue comme « une ville repère, à deux pas de la France, avec de la sécurité, la possibilité d’aller très haut dans la carrière, un très bon niveau de vie, des relations respectueuses, selon Laurent Girard-Claudon. Même si les Français doivent d’abord faire leurs preuves », car le statut de frontalier peut parfois provoquer une certaine réticence des Suisses, qui en subissent les impacts négatifs (trafic routier…).

Espagne

En Espagne, Madrid et Barcelone permettent à la fois de bénéficier d’un cadre de vie festif et d’opportunités professionnelles. « Au début, c’était vu comme pas évident d’y avoir une carrière, cela a beaucoup changé, Madrid peut proposer des postes extraordinaires », assure Laurent Girard-Claudon. Hervé Heyraud explique qu’en Espagne, la situation économique est correcte, et qu’il y a du travail notamment dans la tech, les nombreuses start-ups, le tourisme. « L’Espagne, l’Italie et le Portugal sont en plein boom », observe Alix Carnot. Lisbonne est notamment une place tech insoupçonnée.

Asie

Hors Union Européenne, Approach People reçoit également des offres d’emploi pour des postes à New York, Montréal, San Francisco, Dubaï, Singapour, Bangkok, Tokyo, Sydney, Hong Kong et Shanghai. Mais reconnait que ces destinations nécessitent plus de contraintes logistiques et administratives, contrairement à l’Union Européenne, où il est possible de travailler sans visa, et dont les pays sont plus proches, géographiquement et culturellement.

Concernant Dubaï, l’émirat « vibre, embauche beaucoup, il y a peu de personnel local pour faire face, analyse Emilie Narcy, alors que beaucoup d’entreprises se créent, avec des postes qualifiés. Mais le coût de la vie n’est pas négligeable, il faut souvent sortir de la ville pour se loger ». Hervé Heyraud explique que dans les Emirats Arabes Unis, il y a « besoin de main d’œuvre, notamment dans la finance, le luxe, le retail, l’éducation, et notamment de cadres ». Alix Carnot note aussi des opportunités en Arabie Saoudite. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord rassemblent 16% des listes consulaires.

Hervé Heyraud note que le reste de l’Asie est toujours attractive, mais de façon plus marginale. L’Asie (hors Moyen-Orient et Océan Indien) et l’Océanie réunissent en effet 8% des listes consulaires. « Singapour est toujours un hub important, comme Hong Kong dans une moindre mesure, pour les expatriés des grands groupes, les cadres dirigeants ». Hong Kong privilégie cependant les expatriés parlant chinois, selon Alix Carnot. Les deux zones sont aussi citées par CCI France International comme particulièrement actives dans les recrutements.

Amérique du Nord

21% des Français inscrits sur le registre des Français de l'étranger se trouvent en Amérique ou dans les Caraïbes. Hervé Heyraud confirme que l’Amérique du Nord est une zone très attractive pour les Français, notamment aux Etats-Unis : New-York, Boston et la côte est, ainsi que la Floride, Washington, la Silicon Valley et plus globalement la Californie. Thibaut Guéant, qui a créé sa société d’investissement foncier Landquire il y a quinze ans à Miami, voit aussi des opportunités dans son Etat, mais également au Texas (où CCI France place également un certain nombre de candidats), dans les énergies, et à Los Angeles, dans l’industrie cinématographique. Le retour de Donald Trump à la tête du pays pourrait modifier la donne, mais selon Alix Carnot, son premier mandat avait été positif pour les recrutements d’expatriés français.

Le Canada francophone (Québec, Montréal) attire également les Français. Même si, note Hervé Heyraud, les conditions d’accès sont censées y être devenues plus restrictives, « on ne voit pas encore le résultat ».

Océanie et Afrique

Herve Heyraud note que l’Océanie, Australie et Nouvelle-Zélande en tête, est plutôt attractif pour des « petits jobs » en bas de l’échelle, dans l’agriculture, la construction, l’hôtellerie ou la restauration.

Si l’Afrique n’est pas le continent avec le plus d’opportunités, Alix Carnot assure que « le Maroc est en plein boom, mais avec une contradiction : il y a beaucoup de nouveaux arrivants, mais aussi un mouvement anti-français depuis quelques temps, comme dans d’autres pays (le reste du Maghreb, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali), qui cause beaucoup de départs ». De son côté, l’Afrique Subsaharienne additionnée à l’Océan Indien ne rassemble que 7% des inscrits sur les listes consulaires.

Les intervenants rappellent qu’avant de partir, une expatriation se prépare, tant sur le plan professionnel que personnel. Pour Emilie Narcy, « il ne faut pas hésiter à faire ses recherches depuis le confort de la France. Il vaut mieux savoir où on met les pieds ». Au-delà de la recherche d’emplois, de nombreux paramètres sont à prendre en compte : coût de la vie, système de protection sociale, conditions de retour…

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