
1. À 40 ans on s’interroge sur la réussite de sa vie pro
Ce n’est pas rien : 77% des salariés pensent que le rapport au travail change vers 40 ans. C’est un sondage paru fin 2016 et réalisé par Opinionway pour les Éditions Tissot qui le dit. « Certes, il n'y a pas d'obligation en entreprise pour gérer ce type de sujet qui est plus de l'ordre sociologique que réglementaire, observe Jonathan Girard, manager e-business au sein des Éditions Tissot. Néanmoins, c’est un constat intéressant à prendre en compte car ce sont des cycles et des échéances auxquels les salariés comme les managers doivent être particulièrement vigilants. » Dans le détail, 49 % des salariés pensent qu’à 40 ans ils ont raté leur vie professionnelle s’ils s’ennuient dans leur métier, à 37% s’ils sont stressés au quotidien dans le travail, et à 28 % s’ils ne voient plus de possibilité d’évolution.
2. Un cap psychologique à franchir
Le constat n’a rien d’exagéré selon Alexandra Vassilacos. « Je le vois tous les jours dans mon travail, témoigne la directrice du cabinet Alexforjob. À 40 ans, il se passe vraiment quelque chose, chez les hommes comme chez les femmes. Après avoir passé une première partie de sa vie professionnelle sans se poser trop de questions, on pense peu à peu à des sujets plus graves. D’expérience, j’observe que cela commence souvent avec la maladie. C’est souvent son entourage qui commence à être touché, mais on se projette forcément. Je vois beaucoup de cadres qui prennent une claque et s’interrogent sur le sens de la vie et de leur travail. » Cette ancienne chasseuse de têtes ajoute à cela une autre observation plus légère mais aux conséquences similaires. « Statistiquement, c’est aussi à cet âge que l’on commence à avoir des enfants en âge de poser des questions. Quand ils demandent à leurs parents à quoi sert leur travail, certains cadres sont un peu embarrassés pour leur répondre. »
3. Bore-out ou brown-out ?
Mais si la crise est réelle, elle peut aussi être salutaire. « À notre époque, le danger de l’ennui au travail guette énormément de salariés sans que leurs managers ne mesurent forcément l’ampleur du fléau », prévient Ronan Chastellier. Ce sociologue voit deux phénomènes monter en puissance : le bore-out, c’est-à-dire l’ennui au travail quand on a fait le tour de la question, ainsi que le brown-out, c’est-à-dire carrément le rejet de son travail auquel on ne trouve plus de sens ni d’intérêt. Heureusement, les intéressés ont les moyens de se ressaisir. « Ce besoin d’aventure est comme une crise d’adolescence qui peut déclencher des envies et des projets », poursuit-il. Preuve qu’ils ne sont pas complètement désemparés, 56 % des salariés penseraient que 40 ans représente un âge décisif pour réussir sa carrière…
4. La reconversion pour trouver un nouvel horizon
Pour faire face à ce changement face au rapport au travail vers 40 ans, les salariés privilégient à 26 % la formation pour monter en compétences et pour 22 % d’entre eux la reconversion. « Quand on demande aux sondés ce qu'il faut faire, ils envisagent souvent spontanément de donner un second souffle à leur carrière, poursuit Jonathan Girard. Autrement dit, un changement est nécessaire et les managers doivent y être particulièrement sensibles pour fidéliser leurs collaborateurs. Le cap des 40 ans est crucial pour la question de la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Il ne suffit pas que le collaborateur soit à l'aise dans son poste, il faut qu'il ait aussi des perspectives… »
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5. Des envies d’indépendance
Faute d’avoir trouvé les perspectives ou le souffle nécessaire dans son emploi, beaucoup iront voir ailleurs. Autre enseignement de l’étude : 35 % des salariés souhaitent donner plus d’importance à la vie privée qu’à la vie professionnelle vers 40 ans. « Cela se traduit souvent par l’envie d’organiser sa vie comme on l’entend, en créant sa propre entreprise et devenir indépendant », observe Alexandra Vassilacos. Elle parle aussi d’expérience pour avoir connu le même tournant et quitté un poste confortable dans un prestigieux cabinet pour lancer sa propre affaire. « Les valeurs et les besoins ne sont plus les mêmes et de nouveaux horizons s’ouvrent. J’ai une cliente qui a récemment quitté son poste pour devenir naturopathe. Un autre, commercial, qui a repris ses études pour réaliser un vieux rêve et devenir avocat. À 40 ans, on a encore les moyens de se réinventer… »
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