A la recherche du temps partagé

Sylvia Di Pasquale

Ce petit job à mi-temps vous emballe. Mais voilà, il est à mi-temps. Du coup, la proposition de cet autre employeur qui a besoin de vous de temps en temps, comme consultant free-lance, vous séduit. Et pourquoi pas ce troisième poste de salarié, quelques heures par semaine ?

Vous êtes mûr pour le temps partagé, l'accumulation de contrats de travail et le mélange des genres. Mais comme toute activité confidentielle - ils ne sont que 3 500 cadres partagés en France (1), contre près de 6,3 millions travaillant pour un unique employeur - celle-ci demande à son pratiquant d'être doué de l'art d'ubiquité ou, à défaut, d'être parfaitement organisé.
Surtout en cas de cumuls de statuts de salarié et d'indépendant. Entre les fiches de paie et les honoraires, une connaissance pointue du code du travail et de la fiscalité est nécessaire pour jongler entre les statuts. En cas de cumul de plusieurs contrats de salariés à temps partiel, l'affaire est plus simple, même si un flou juridique entoure toujours cette pratique (2). Ainsi, lorsqu'un accident de la route survient, alors que vous partez de chez un employeur pour vous rendre chez un autre, il s'agit bien d'un accident du travail. Reste à savoir auquel de vos patrons l'imputer...

Des candidats et des patrons frileux

Ces obstacles font hésiter les candidats au partage, mais également les employeurs. Contrairement à ses voisins européens et surtout anglo-saxons, la France est en retard dans ce domaine. Nos patrons ne sont pas partageurs et l'une des clés de leur résistance tient à une peur viscérale de la divulgation d'informations.
Alors il faut les rassurer. Et la meilleure manière de les convaincre que vous êtes une tombe, c'est d'éviter de travailler pour des concurrents d'un même secteur. L'autre réticence qui freine le développement du multisalariat est le manque de disponibilité des employés qui partagent leur temps entre deux, voire trois entreprises. Sachant que vous ne pourrez dépasser 50 heures hebdomadaires au total - ce n'est pas une question de résistance physique, mais de durée maximale autorisée -, il convient de signer des contrats de travail vous laissant une marge de manœuvre évaluée à 20 % de votre temps par les spécialistes. De cette manière, il est toujours possible de répondre à la demande exceptionnelle de l'un de vos patrons.

Les groupements d'employeurs

Reste un cas où tous ces soucis sont, sinon gommés, mais très atténués, c'est le groupement d'employeurs. Dans ce cas, le multisalarié bénéficie d'un contrat de travail unique, un CDI, qui est établi par une association loi 1901 à laquelle tous ses employeurs sont adhérents. Et vos horaires et fonctions sont clairement énoncés dans ce contrat auquel tous vos patrons souscrivent. Malheureusement, les quelques 400 groupements d'employeurs ne salarient que 8 000 veinards en France (3), hormis dans le secteur agricole où la pratique est plus répandue.

(1) Source : Observatoire du temps partagé
(2) Un projet de loi sur le multisalariat est en attente de discussion à l'Assemblée.
(3) Source : FFGE, Fédération française des groupements d'employeurs qui compte environ 130 adhérents

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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