Lister les choses… à ne pas faire
« La to-don’t list est un outil de gestion du temps de travail et des priorités, comme l’est la to-do list, présente la coach professionnelle Sophie Mouchel. Comme son nom l’indique, elle consiste à lister les choses à ne pas faire, les comportements inappropriés et ceux qu’on peut éviter. En cela, c’est un outil qui entre dans le cadre du développement personnel, contrairement à la to-do list qui est plus concrète et didactique. » Mais alors, quels éléments peuvent constituer une to-don’t list ? « C’est du cas par cas, répond l’experte en accompagnement professionnel Bérangère Touchemann. Il peut s’agir des choses susceptibles de polluer votre travail au quotidien : le bavardage intempestif et improductif, une mauvaise gestion des mails, trop de temps passé sur les réseaux sociaux… Il peut aussi s’agir de comportements à bannir : ne pas attendre le dernier moment, ne pas faire comme tout le monde, ne pas avoir une vision à court-terme… » La to-don’t list s’apparente ainsi à une sorte de pense-bête pour gagner en productivité et en efficacité dans sa carrière.
Un complément de la to-do list
La to-don’t list vient-elle se substituer à la to-do list ? « Non, assure Émilie Burel, du pôle formation du groupe Éditions Lefebvre Sarrut. La to-do list reste un outil indispensable et prioritaire qui permet de structurer son activité et de planifier ses tâches du quotidien. La to-don’t list peut venir en complément mais reste plus accessoire. » Avec une limite majeure, poursuit-elle : « La to-don’t list, en tant que rappel des choses à ne pas faire, est une liste qu’on met assez rarement à jour, contrairement à la to-do list, où l’exercice consistant à barrer les tâches au fur et à mesure de leur accomplissement offre une grande satisfaction. » La to-don’t list, elle, reste une liste de règles assez immuables, comme une forme de table de lois des bons comportements à adopter en milieu professionnel. « Elle peut aussi servir de complément dans le cadre d’une to-do list classifiée, où on range par importance les tâches à accomplir : tâches prioritaires, secondaires, futures et enfin les choses à éviter, en dernière grille de lecture », interprète Sophie Mouchel.
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Populaires chez les indépendants et télétravailleurs
Encore très confidentielle en France, la to-don’t list pourrait rapidement séduire une catégorie bien précise de travailleurs : les indépendants et télétravailleurs, en quête d’outils pour les aider à bien cadrer leur environnement de travail. « C’est une charte qui peut servir d’autocorrection pour les gens en proie aux distractions extérieures, estime Bérangère Touchemann. Elle peut aider à lutter contre ce qu’on appelle parfois les "voleurs de temps", en mettant des mots dessus pour mieux les combattre. » Des activités aussi énergivores qu’improductives : se rendre sur Facebook à chaque nouvelle notification, répondre aux mails au coup par coup plutôt que d’y consacrer un temps précis dans la journée… Autant de tentations dangereuses et de mauvaises habitudes faciles à prendre quand on travaille depuis chez soi et qu’on n’a ni supérieur derrière le dos ni collègues de travail à proximité pour se surveiller mutuellement.
Gare au cadre trop contraignant qu’elle peut générer
Née dans les pays anglo-saxons, comme avant elle la to-do list, la to-don’t list va-t-elle s’imposer elle aussi en France comme un outil indispensable d’organisation du temps de travail ? Les experts interrogés restent sceptiques, comme Bérangère Touchemann qui lui trouve un côté « trop négatif : ce qui n’est pas important, ce qu’il ne faut pas faire, ce qui n’est pas urgent… C’est assez dévalorisant au final. » Un jugement partagé par Émilie Burel : « C’est un outil qui manque de proactivité, qui n’incite pas à agir. Il offre un cadre mais il peut être trop contraignant. Je conseillerais de lui substituer une liste des axes d’amélioration sur lesquels vous estimez devoir travailler, c’est plus positif. » Reste que la to-don’t list peut tout de même s’avérer bien utile aux personnes en quête d’un cadre de travail bien délimité et à ceux qui peuvent avoir du mal à tenir leurs résolutions.
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Après un Master obtenu à l’Institut d’études politiques de Rennes, Régis Delanoë s’est mis à son compte en tant que journaliste indépendant. Multitâche, il travaille depuis plus de dix ans dans le vaste domaine de la presse écrite et web. Enquêtes, reportages, interviews et veille de l’actualité : il s’est notamment spécialisé dans le secteur de l’emploi et de la formation, s’intéressant de très près aux nouvelles tendances et aux évolutions à venir en la matière.