Au secours, je prends l'ascenseur avec mon boss !

Céline Chaudeau

En arrivant au bureau, voilà que les deux portes métalliques de l'ascenseur s'ouvrent... sur le grand patron de la boîte. Ca arrive. Et mieux vaut éviter les impairs.

L'ascenseur social, vu par Hollywood. Dans le film Working Girl de Mike Nichols (1989), il suffit que la talentueuse Tess McGill (Melanie Griffith), secrétaire autodidacte passionnée par l'analyse financière, harponne le big boss Jack Trainer (Harrison Ford) entre deux étages pour voir sa carrière décoller. On devine le happy end : quatre-vingts dix minutes plus tard, elle deviendra presque patronne à son tour. En tout cas, elle aura un plus grand bureau. Au dernier étage, of course.

Stratégique, l'ascenseur ? « Il ne faut pas exagérer », sourit Armand Mennechet, auteur de Savoir se vendre pour réussir sa carrière. Malgré tout, pour ce directeur des ressources humaines à l'ACFCI (Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie), « si un ascenseur reste avant tout un lieu de passage, c'est aussi un endroit informel, régi par certaines règles. »

Une assistante écartée de son poste pour excès de familiarité

D'abord, évidemment, la promiscuité du lieu ne saurait faire oublier le rapport hiérarchique entre les salariés. Armand Mennechet cite le cas d'une assistante écartée de son poste, au sein d'une grande entreprise, après avoir fait preuve d'une trop grande familiarité envers son boss entre deux étages.

« A contrario, il ne faut pas verser dans l'excès inverse. Il est ainsi important de saluer son supérieur, en prononçant son nom par exemple, pour bien marquer qu'on l'a reconnu, poursuit le DRH. Si vous déclinez votre identité, n'omettez pas de préciser le service dans lequel vous travaillez. Après, je dirais qu'il faut 'donner' à l'autre les dix secondes suivantes et voir venir... »

Prendre l'ascenseur en panne... d'inspiration

Faut-il laisser à son boss le choix de prendre l'initiative d'une discussion plus poussée, ou pas ? C'est souvent là que le bât blesse. « Le problème, c'est que l'humain a peur du vide, observe Stéphanie Roels, coach en entreprise. Dans ce contexte de l'ascenseur, le salarié doit faire très attention à comment le remplir. » Un bref huis clôt entre deux étages appelle donc une certaine maîtrise. « Il ne faut pas oublier que l'ascenseur reste un moyen de déplacement. Un endroit où le manager n'attend rien de vous, si ce n'est de croiser un collaborateur poli et souriant », remarque Stéphanie Roels.

Autrement dit, si l'on prend l'ascenseur en panne... d'inspiration, autant ne pas trop en faire. La règle vaut il est vrai en règle générale lorsque l'on a rien de pertinent à dire. « Si vous avez une idée à faire passer en rapport avec votre travail, cela peut-être une occasion à saisir, concède Stéphanie Roels. Mais une répartie, ça se prépare. Elle doit tenir en trois phrases, pas plus. Se présenter, identifier une problématique précise et proposer de s'en entretenir ultérieurement. »

Une perche tendue à son boss, en quelque sorte, que les Américains ont surnommée l'elevator pitch. « Soit un argumentaire de 150 à 200 mots qui justement s'énonce en quelques secondes, le temps de monter deux étages », explique Krista Gibson, auteure du livre The Entrepreneur's Toolbox. Efficace et décontract'.

Reste à s'entraîner un peu et à attendre que l'occasion se présente. Ce qui pourrait être de moins en moins fréquent... Outre-Atlantique, dans les très grandes entreprises, de plus en plus d'ascenseurs seraient désormais configurés pour éviter aux grands patrons des arrêts intempestifs à tous les étages, selon un récent article du Wall Street Journal. Histoire de gagner du temps. Mais aussi de ne plus être dérangés...

Céline Chaudeau @ Cadremploi.fr

Céline Chaudeau
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