« Avec le système britannique, on vous fait confiance »

Tiphaine Réto

Il le reconnaît volontiers : aller travailler à l'étranger, ce n'était pas sa tasse de thé. Dommage, puisque c'est en Angleterre que Charles-Etienne Dumeau a atterri. Après des années de galère en recherche d'emploi, ce biologiste a dû se faire une raison et s'expatrier outre-manche. Sans aucun regret.

Six mois seulement et une prononciation déjà très british du nom de sa ville d'accueil : « Cambridge ». « Ce n'est pas Londres, comme pour beaucoup de Français, mais dans mon secteur d'activité, Cambridge, c'est plutôt très bien. » Charles-Etienne Dumeau est biologiste. « A la base, j'étais virologiste », précise-t-il. Mais les aléas de la vie ont fait prendre bien des virages à ce jeune trentenaire.

Un Master pro pour s'insérer

« J'ai un parcours assez chaotique », annonce-t-il de but-en-blanc. Après le bac, il entame deux années de pharmacie avant de se tourner vers une maîtrise de biologie à Versailles, puis un master de génomique industriel à Cergy. « J'aurais bien été tenté par une thèse, mais je voyais des amis qui, avec un bac +8 et de l'expérience, avaient du mal à décrocher un premier job. Du coup, j'ai choisi un master professionnel pour m'insérer plus vite dans le monde du travail. » Peine perdue.

Un an de chômage et un CDD sous-qualifié

Après ses études, le jeune chercheur passent bien quelques entretiens, mais sans jamais décrocher de contrat. « Les places sont chères dans les métiers de la biologie... » Pendant un an, le jeune homme donne des cours particuliers pour pouvoir boucler les fins de mois. Puis obtient, finalement, un poste d'assistant technique à l'hôpital Cochin. « Ce n'était qu'un CDD de six mois, prévu pour un bac + 3. Mais j'avais besoin d'argent et d'expérience. J'ai accepté. » Charles-Etienne formera même son successeur au poste : « un stagiaire sous-payé. ».

Recommencer à zéro

Retour à la case chômage. Le biologiste commence très vite à tourner en rond. « Ca faisait des mois que mon conseiller ANPE me disait de partir à l'étranger. Mais je n'arrivais pas à me faire à l'idée. » La perspective de tout abandonner pour recommencer à zéro ne l'enchante guère. Pourtant, las de chercher, il finit par se faire une raison. « J'ai envoyé des candidatures partout. J'avais même entamé la procédure pour obtenir mon visa canadien. »

Un contrat signé en deux semaines

Il n'aura pas le temps de boucler tout le dossier. « J'ai répondu à trois annonces en Angleterre. J'ai passé trois entretiens. En deux semaines, j'avais signé un contrat. » C'était en septembre 2008. En décembre, Charles-Etienne commençait à travailler.

Faites vos preuves

« C'est le système britannique qui veut ça. Tout va très vite. Dans un sens comme dans l'autre, d'ailleurs. Là, par exemple, je travaille dans un labo qui marche aux résultats. Si je me rate, j'ai un préavis d'une semaine pour mon licenciement. » Malgré cette contrainte, le frenchy s'est bien accommodé aux mœurs britanniques. « On vous demande de faire vos preuves. Si c'est concluant, on vous fait confiance. »

Des responsabilités rapidement

L'ancien assistant technique en CDD de l'hôpital Cochin se retrouve désormais assister de deux techniciens et endossent chaque jour de nouvelles responsabilités. « Plus on vous donnent de responsabilités, plus vous savez que les gens vous font confiance... et plus vous avez la 'gnaque' pour aller bosser le matin. »

Une niche face à la crise

Même la crise, qui a fait fuir bien des Français du Royaume, n'a pas réussi à lui faire peur. « Je suis dans une véritable niche. Dans la recherche, les projets sont financés sur cinq ans. Et les postes avec. » Il rit en repensant à ses doutes du début. « Partir à l'étranger, c'était sans doute la meilleure chose que j'ai faite. »

Tiphaine Réto
Tiphaine Réto

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