Aurélien, manager chez Ecodair, structure d'accueil de personnes handicapées.
Sa profession ? Cadre dans un centre d'insertion par le travail pour personnes handicapés mentales. Ses vacances ? Bénévole pour l'Association des Paralysés de France (APF). L'été, depuis sept ans, Aurélien consacre une semaine de ses congés à l'encadrement d'un séjour de vacances « A fond la vie » que propose l'APF. « J'ai aussi noué des amitiés avec certains accompagnateurs, explique ce dernier. J'ai fait une pause de quelques années, mais j'ai eu envie de retrouver cette ambiance. » Cette dernière est selon lui bon enfant, malgré un rythme très soutenu. « Les participants aux séjours sont généralement très dépendants. Le matin, on se lève vers 6h30 pour être prêts à 7h30 à faire la toilette des vacanciers, les emmener à la selle, les habiller. Ensuite, dans la journée, il y a toujours des activités et des excursions. Il faut pousser les fauteuils, porter les gens... C'est assez lourd, en fait. » Rien à voir avec la farniente habituelle des vacances que l'on connait...
Mais Aurélien semble infatiguable : « Je suis aussi bénévole à la Croix Rouge pendant l'année. Je pense que l'engagement associatif, on l'a en soit. Personnellement, c'est aussi ce qui fait que je m'épanouis. » Et c'est cet engagement spontané qui l'a finalement conduit à faire carrière dans le social. « Au départ, après un cursus d'histoire, je me préparais à devenir journaliste. Les séjours à Fond la vie m'ont permis de découvrir le métier, de développer en management des équipes et en gestion de budgets. Ca a été ma porte d'entrée. »
A noter : les articles L .225.8 et R225.14 et suivants du code du Travail prévoient que les entreprises puissent accorder à leurs salariés une autorisation d'absence pour des activités de bénévolats. Un certain nombre d'association, comme l'APF, recherchent ainsi des bénévoles toute l'année.
Soizic, responsable de la coordination des formations métiers chez Deloitte
Depuis 2005, Soizick fait rimer voyage avec partage. Cadre au sein du cabinet d'audit Deloitte, elle a déjà pris trois Congés solidaires, nécessitant l'aval de l'employeur, pour explorer le monde au gré de sa générosité. « La première fois, c'était au Cameroun. Je réalisais un vieux rêve d'enfant : aller compter des animaux sauvages... Nous étions hébergés dans un village à la frontière du Tchad, sans eau, sans électricité. J'y faisais de l'alphabétisation. » Soizick s'était alors faite guidée par l'association Planète Urgence. « Ce type d'associations ne peut accueillir des bénévoles à la petite semaine. Du coup, vous êtes aussi préparés à l'expérience que vous allez vivre. Pour une première fois, c'est rassurant. » Rassurant et enrichissant.
En 2010, la cadre sup' reprend son sac à dos pour deux missions d'un mois afin d'organiser des parrainages de scolarisation d'enfants et des campagnes de vaccination au Cambodge avec l'association Taramana. « Je suis partie en février et en juin, sur mes congés. Deloitte a même versé un don à Taramana. Il m'a suffit pour cela d'expliquer et de défendre mon projet auprès d'un comité des actions citoyennes. » L'opportunité offerte par son entreprise réjouit Soizick. « Ces expériences m'ont fait évoluer. Aujourd'hui, au travail comme dans ma vie perso, je prends plus de recul sur les problèmes du quotidien, je gère les urgences différemment et j'ai appris à être beaucoup moins frontale dans mes directives. » Une évolution et un état d'esprit qui, selon elle, l'ont aidée à décrocher un nouveau poste, qu'elle intègrera en octobre.
A noter : Le congé de solidarité internationale, d'une durée de 6 mois maximums, est accessible à tout salarié ayant une ancienneté d'au moins 12 mois dans son entreprise (art. L225-9 du code du travail). Ce dernier doit informer son employeur par lettre recommandée au moins 1 mois à l'avance. Pendant le congé, le contrat de travail est suspendu et le salarié n'est pas rémunéré.
Valérie, Ingénieur sécurité et développement durable chez un fournisseur d'énergie
Valérie a des crabes plein la tête... Chef de projet environnement dans un grand groupe énergétique, elle rentre a peine d'une mission de 15 jours en Argentine où elle a étudié, entre autres, l'invasion des côtes de Patagonie par ces petites bêtes pas toujours bienveillantes. Elle aussi est partie grâce au Congé solidaire. «Une convention tripartite a été montée entre la plateforme Planète urgence, ma boite et moi-même. J'ai ensuite postulé à la mission, en croisant les doigts pour que les responsables acceptent ma candidature. » Valérie a donc fait partie des quatre volontaires dont les compétences ont été retenues pour le projet. « C'était la première fois que je partais comme ça. Dans mon métier, je m´intéresse beaucoup à la biodiversité, mais je n´ai jamais eu l´occasion de travailler sur le sujet. Cette mission combinait mon envie de volontariat et mon attrait pour la biodiversité. »
Un coup double qui a aussi permis à Valérie de changer sa manière de voyager : « Je ressens de plus en plus le besoin d´être utile, de ne pas être qu'un parasite qui profite de son pouvoir d´achat pour visiter un pays à la va vite, en achetant une carte postale et basta. » Sur le plan professionnel, l'expérience lui est tout aussi bénéfique : « Cette mission est une première étape dans un projet que je porte à l'international, dans le milieu associatif, sur le sujet de la biodiversité... Mes vacances-utiles étaient aussi une sorte de test, pour voir si ça me plaisait vraiment. »
A noter : plusieurs plateformes mettent en relation bénévoles et structures d'accueil pour des missions de solidarité en France et à l'international.. Planète Urgence, France Bénévolat, Développement sans frontières, la Délégation Catholique pour la coopération.... Ces structures encadrent les séjours des bénévoles et répondent aux besoins des associations.
Tiphaine Réto @ Cadremploi.fr
