Changer de job : votre peur ne gâche-t-elle pas tout ?

Céline Chaudeau

Quand on déprime dans un poste, il est tentant de se dire que c’est la faute à pas de chance ou à la conjoncture si on n’est pas encore allé voir ailleurs. Et si vous étiez simplement paralysé par la peur ?
Changer de job : votre peur ne gâche-t-elle pas tout ?

Étape 1: Aller (directement) au tableau

C’est un examen de conscience qui ne fait plaisir à personne. Mais - la bonne nouvelle - c’est que l’on peut s’y soumettre tout seul, dans un premier temps. « Si on se plaint de son travail et qu’en même temps on ne bouge pas, c'est qu'il y a forcément un bénéfice secondaire à cet immobilisme », lance Catherine Oberlé. Spécialisée dans les "croyances limitantes", cette ancienne cadre reconvertie dans le coaching sait aussi, d’expérience, les obstacles psychologiques qu’il faut franchir pour ré-enchanter sa carrière. « Je travaille beaucoup sur ce qui nous empêche de bouger et de réussir : les croyances, les blocages et les freins. » « La nature humaine, en général, est plutôt réfractaire au changement, confirme Stéphane Boukris, cofondateur du cabinet Ametix. C’est dommage parce que l’on s'enferme souvent dans le train-train quotidien. On s'interdit de belles aventures professionnelles dans son entreprise ou ailleurs, parfois sans raison valable. » Helen Monnet va même plus loin. Pour en avoir le cœur net, cette consultante en entreprise, auteure du guide Petits exercices de lâcher-prise envoie alors ses clients… au tableau. « Il faut juste se poser deux questions simples, explique-t-elle. Tout d’abord, quel est son intérêt à rester dans la situation présente ? On liste alors tous les arguments pour dans la colonne de gauche. Et dans la colonne de droite, on s’interroge sur quel serait son intérêt à bouger. On verra ensuite vers quoi penche la balance… »

 

Étape 2: Se faire (un peu) aider

Beaucoup ne veulent pas « lâcher la proie pour l’ombre », comme on dit. Mais encore faut-il mettre cette peur en lumière. « Après sa réflexion initiale, il est toujours utile de se faire un peu aider », poursuit Catherine Oberlé. Pour autant, cette coach ne plaide pas spontanément pour sa paroisse. « On peut faire appel à un professionnel. Mais avant, on peut déjà jeter un œil autour de soi. Car en général, quand on est bloqué, c'est aussi que l'on n’a pas le soutien nécessaire ou que l’on ne l’a pas demandé. » Autrement dit, ne pas hésiter à réfléchir tout haut avec une ou plusieurs personnes de confiance. « Il vaut mieux juste éviter le conjoint ou la famille trop proche, nuance Helen Monnet. Un ami qui vous veut du bien et qui exerce encore une activité professionnelle, c’est parfait par exemple. L’idée est de lui demander d’envisager, à son tour, les aspects positifs et négatifs à bouger pour ensuite identifier les points convergents avec sa réflexion. » La consultante assure que l’on peut déjà gagner ainsi beaucoup de temps. « L’humain perd souvent une énergie psychique phénoménale. Il se complait souvent dans une anxiété d’anticipation, par rapport à un futur hypothétique, qui s'avère souvent, dans la réalité, très différent de ce qu'on avait imaginé. »

 

Étape 3: Décider de bouger (ou pas)

À chacun, ensuite, d’envisager le changement. Ou pas. « Il y a une expression que j’aime bien, confie Stéphane Boukris. En Anglais, on dit : to take a leap of faith. C’est-à-dire que l’on saute d’abord et la barrière à franchir apparaîtra ensuite et il faut juste croire en soi. » Cet entrepreneur parle lui aussi d’expérience. « J'ai bougé et vendu ma première start-up pour pas grand-chose. D’aucuns diront que c’était un échec. Après, j’ai préféré me focaliser sur ce que j’avais appris. J’ai re-sauté le pas et ensuite mieux réussi. » Mais encore faut-il nourrir une certaine ambition. « Une personne qui veut évoluer et qui a confiance en elle, va bouger sans se poser trop de questions, commente Catherine Oberlé. Cependant, tout le monde n’a pas les mêmes priorités. On peut aussi arriver à la conclusion que l’on apprécie une certaine sécurité dans son travail et s’accommoder d’un quotidien imparfait parce que la vie est ailleurs. » Ce n’est pas forcément la peur qui empêche de bouger. Ce n'est pas parce que tout le monde nous encourage bouger qu'il faut le faire. Mais au moins, quand on sait pourquoi on hésite, il y a des situations que l’on accepte davantage… 

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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