Coaching par Skype ou par téléphone, qu’est-ce que ça vaut ?

Jeanne Ably

Plus souple, parfois moins coûteux, et permettant un gain de temps majeur, le coaching par téléphone ou par Skype se répand comme une traînée de poudre. Bonne ou mauvaise évolution ? Si les avantages de cette pratique sont indéniables, les avis sur ses bienfaits restent mitigés.
Coaching par Skype ou par téléphone, qu’est-ce que ça vaut ?

Si le besoin d'appréhender l'autre physiquement reste ancré dans les pays latins, le coaching à distance gagne peu à peu du terrain en France. En cause, le développement du digital qui abolit les frontières et bouleverse le rapport au temps, se conjuguant à une culture de l’instantanéité si chère à nos sociétés du hic et nunc : « Le coaching par téléphone constitue une économie de temps non négligeable. Aux États-Unis, où les distances sont souvent grandes, 80 % des coaches n’ont jamais rencontré leurs clients, et d'autant moins que leurs services s’adressent le plus souvent à des personnes aux agendas surchargés et dont les déplacements sont fréquents », explique René-David Hadjadj, coach et membre de l’ICF (International Coach Federation).

 

Un coaching pour tous ?

De plus en plus de coaches renoncent à louer des bureaux, au profit d’un site internet. Au-delà des économies qu'on devine, cette dématérialisation constitue un moyen efficace de démocratiser une action d'assistance en la rendant accessible à tous, notamment aux expatriés et dans, une autre mesure, aux personnes en situation de handicap : « Ce mode de fonctionnement permet de se faire coacher aussi bien chez soi dans son canapé qu’au bureau ou même en voiture, réduisant ainsi les frais de déplacement. L'intérêt pour les coaches est aussi de développer leur business en allant au-devant d’une clientèle internationale, à condition bien sûr qu'ils puissent s’approprier correctement l’outil », ajoute t-il.

 

À privilégier en complément d’un coaching en face-à-face

Cette forme d’accompagnement permet en outre d’assurer un certain suivi et de maintenir un rythme régulier avec les clients : «  Même si je suis assez réticent vis-à-vis de ces outils, rien n'empêche d’entremêler les séquences en face-à-face avec des entretiens au téléphone, ceux-ci permettant de ne pas perdre le bénéfice d’un rendez-vous qui serait annulé, et forcément facturé, à l’instar d’une séance chez le psychiatre. Dans tous les cas, cela doit rester exceptionnel », insiste Thierry Chavel, coach de dirigeants au sein de CEO Companions.

Une plus grande qualité d’écoute ? 

 « Le coaching à distance permet non seulement une plus grande qualité d’écoute, car la personne doit décupler son attention si elle veut percevoir les variations de ton et la tonalité de chaque mot, mais il offre aussi un avantage de transparence. Alors qu’en présentiel, les coachés sont tentés d'arborer un masque de façade, l’implication physique n'est plus un problème au téléphone. De plus, le canal sonore permet d’aller vite à l’essentiel, ce qui n'est pas toujours le cas du face-à-face, dans lequel la résonance de notre questionnement aura un effet de frein.»  Même son de cloche pour Annabelle Plenier, coach au sein de Cap Cohérence, réseau d’experts indépendants spécialisé dans la reconversion professionnelle : « Lors d’une session en face-à-face, le coach peut être distrait par les signaux visuels qu'il perçoit et il fera moins attention à certains détails significatifs. Dans une séance en visioconférence, où seul le haut du corps est visible, on pourra se concentrer, au contraire, sur le regard ou sur les gestes de la main. » Thierry Chavel se montre beaucoup plus réservé quant à la pratique à distance, le coaching devant représenter  bientôt, selon lui, le dernier lieu de rencontre des humains au travail. « Rien ne remplacera jamais la présence physique, car ce qui est efficace dans un coaching – en comparaison d’un simple mentoring – c’est de bousculer la personne en mobilisant ses cinq sens. L’idée est de lire des choses sur son visage et de se laisser surprendre, ce qu’interdisent le téléphone et Skype qui effacent, entre autres, les temps morts, et alourdissent les silences.

 

La banalisation du coaching

Sur Skype, les gens ont par ailleurs tendance à se regarder eux-mêmes, au lieu de se concentrer sur leurs interlocuteurs, instaurant du même coup un échange narcissique. » Autre danger selon lui : la tentation de faire plusieurs choses à la fois, et d’altérer ainsi l’écoute : « Qui n’est pas tenté, pendant qu'il téléphone, de regarder ses mails ou de naviguer sur Internet ?  Avec ce genre d'outils, on a malheureusement vite fait de devenir multitâche. » Et de conclure sur l’importance de matérialiser le temps au moyen d'un lieu physique, autrement dit d’honorer, voire de sanctuariser un espace dédié à son développement personnel : «  La séance de coaching doit constituer une véritable bulle, un moment confidentiel et intime, qui ne doit en aucun cas prendre forme à tout moment.»

 

 

Des tarifs et un processus quasiment identiques

Quid des prix ? Les différences sont dérisoires, voire quasi nulles, l’essentiel, au-delà de la question du prix, étant de bien choisir son coach, ce que ne manque pas de rappeler René-David Hadjadj. Il insiste sur l’importance de s’adresser à un coach accrédité par l’une des principales fédérations professionnelles existant en France : l’ICF, l’EMCC France (European Mentoring and Coaching Council) et la SFCoach (Société Française de Coaching). Par ailleurs, si le coaching téléphonique prévoit en général des sessions beaucoup plus courtes, d'une heure environ, le processus reste le même. René-David Hadjadj insiste sur ce point : « Avec le coaching à distance, on entre dans une dynamique de rencontres beaucoup plus courtes mais aussi plus régulières, afin de ne pas subir le poids de l’outil. Toutefois, le déroulement d’une séquence, qu’on soit en face à face ou en présentiel, ne change pas : on pose un cadre de travail, on se fixe des objectifs de sessions et on évalue l’effet de ceux-ci à la fin de la séance. »

Jeanne Ably
Jeanne Ably

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