Comment passer de manager expert à manager leader

Céline Chaudeau

Si être manager se résumait à une question de compétences, cela se saurait. Passer à l’étape hiérarchique supérieure nécessite quelques talents qui, heureusement, peuvent aussi s’apprendre.
Comment passer de manager expert à manager leader

Rendez-vous est pris à la page 35 de leur livre. Isabel Fouchécour et Nathalie Renard posent un constat simple. « Les leaders sont tous différents : à chacun ses talents, ses compétences, expliquent ces deux coachs. Pourtant, en termes de comportements relationnels, ils ont des points communs qui leur permettent de porter des idées ou des projets, et nous donnent envie de les soutenir et de les accompagner. » Pour y remédier, ces deux coachs auteures du guide Moi, leader proposent un baromètre de son attitude leader fondé sur cinq critères. Car être manager, au final, n’est-ce pas aussi une question d’attitude ? Une bonne nouvelle cependant : comme toute expertise, cela se corrige et s’apprend. En cinq attitudes à maîtriser.

 

1. Prendre sa juste place dans un groupe

Si elle compare volontiers un manager à un premier de cordée, Isabel Fouchécour reconnaît que la place n’est pas aisée à prendre. Souvent, c’est facile de se cantonner dans le rôle rassurant du bon second qui concentre d’abord son attention sur les besoins des autres. Ou à l’inverse, un autre écueil narcissique tentant consiste à chercher à briller seul auprès de sa hiérarchie en oubliant le travail d’équipe. L’idéal ? « Vous prenez votre place au bon moment, et vous laissez de la place aux autres, explique Isabel Fouchécour. Et vous le faites en confiance parce que vous savez quels sont vos talents, vos compétences. » En pratique, il faut ensuite avoir l’humilité nécessaire pour demander de l’aide si nécessaire et également être capable de répondre non à une sollicitation.

 

2. Prendre facilement des initiatives

En matière de leadership, tout est question de curseur à placer. Les auteures citent ici deux extrêmes à éviter au moment d’agir : d’un côté, une recherche permanente de validations qui paralyse l’action et de l’autre, une agressivité excessive pour imposer une idée, pourtant pas forcément bonne. Mais là aussi, tout est question de confiance et de mesure. « Le leader sait affirmer tranquillement sa différence, manifester ses talents et ses choix, poursuit Nathalie Renard. Ce qui l’amène tout naturellement à être force de proposition. Dans certaines situations, vous osez faire les choses à votre façon, et sortir des processus routiniers. » Autrement dit : il faut avoir confiance en son talent et ses idées, être ouvert à des suggestions d’amélioration, et surtout être capable d’audace de temps en temps…

 

3. Manifester sa puissance personnelle à bon escient

Ici, il s’agit de placer le curseur entre une modestie exacerbée (au point de douter intérieurement de sa propre légitimité à une poste) et une arrogance qui peut confiner à la condescendance (rappeler régulièrement à son équipe que l’on est le chef par exemple). Il n’empêche que le leader doit, entre les deux, montrer une certaine puissance personnelle, en surmontant une éventuelle timidité et en travaillant le langage de son corps. « Vous savez donner envie de vous suivre, faire adhérer à votre cause, explique Isabel Fouchécour. Et pour cela, vous vous servez très naturellement aussi bien de votre voix - vous savez raconter des histoires - que de votre corps : vos gestes et votre intonation sont en accord avec votre discours, sans avoir besoin de vous forcer. »

 

4. Être stratège

Voici encore deux indices que vous n’y êtes pas (encore). D’une part, vous faites des heures supplémentaires, plus que de raison, au prix parfois de votre équilibre personnel. Ou, à l’inverse, vous vous targuez d’être "politique", vous savez reconnaître une personne d’influence et, si nécessaire, vous êtes prêt à faire porter le chapeau à quelqu’un d’autre en cas d’erreur. Or, la stratégie du leader n’a rien de cynique. « Vous avez une bonne vision de votre marché, ou de l’organisation et de l’organigramme de votre entreprise, observe Nathalie Renard. Vous savez donc à qui demander un soutien ou une information en cas de besoin. Ce qui vous permet de développer votre réseau. » De la même manière, le manager leader connaît bien ses collaborateurs et sait trouver pour chacun des leviers de motivation…

 

5. Jouer pour gagner

Dernière question à vous poser : avez-vous peur de l’inconnu ? Que vous répondiez oui ou non, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle. D’un côté, vous évitez de prendre le risque de vous tromper, donc d’agir. De l’autre, votre proactivité peut vous faire oublier de perfectionner une idée ou de la valider avec son entourage. Isabel Fouchécour invite alors ses clients à cultiver un certain goût pour le risque et à trouver une énergie communicative avec ses équipes. « En réunion d’équipe, ou lorsque vous présentez un projet à un plus grand groupe, vous n’hésitez pas à surprendre », suggère-t-elle. Mais les risques peuvent être un peu calculés. « Et vous testez vos idées avant de les diffuser. » À une nuance près, si c’est un échec, le leader saura l’assumer, en tirer une leçon, et recommencer…

Céline Chaudeau
Céline Chaudeau

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