Episode 25 : Par derrière

Le DRHache

Ah décembre, ses cadeaux, ses gabegies et... ses évaluations annuelles légèrement tronquées. Cette semaine, le DRHache se lâche sur la face cachée de cette institution.

Mon cher Robert

Vous êtes merveilleux. En 130 ans, nous avons vu passer quelques millions de personnes, mais au nom de l'institution je peux le dire, vous faites partie des 5 meilleurs. Votre technicité est sans tâche. Vous êtes créatif, vous savez comprendre sans qu'on vous explique, vous savez expliquer et l'on vous comprend. Intéressé par les autres, vous arrivez à gérer votre carrière et votre vie de famille en parallèle, vous êtes engagé dans l'entreprise, un manager modèle, un employé à l'écoute, et je le sais, un père de famille en or.
Grâce à vous, nous avons pu récupérer tout un pan de business qui serait parti à vau l'eau. Je ne vous ai jamais entendu dire du mal de quiconque, vous êtes doux et ferme, clair et concis, vous savez aussi ne pas mâcher le travail des autres et les responsabiliser pour qu'ils puissent un jour s'envoler.
Vos qualités d'empathie sont infinies, votre ouverture d'esprit sait s'allier avec un déterminisme et une force de caractère peu commune et celui qui vous marchera dessus n'est pas né.
Vous savez ne pas jouer sur ce magnétisme physique, cette aura naturelle propre aux grands sportif que vous avez d'ailleurs été, et vous ne dédaignez pas de mettre la main à la pâte quand il le faut, quitte à expliquer un peu de méthodologie aux plus grands experts dans leur partie car aucun domaine ne vous résiste quand vous décidez de vous en donner les moyens, c'est-à-dire tout le temps.


Eh bien non.

Cette évaluation n'existe pas.

A l'instar du système éducatif français, dans les évaluations de fin d'année, les managers se font souvent un devoir d'appuyer là où ça fait mal. Partant du principe qu'un avantage acquis n'est plus un avantage, et qu'à contrario une qualité n'a pas à être mise en valeur puisqu'elle correspond à la norme, les managers se réfugient derrière l'idée de progression pour sereinement défoncer leurs employés, et se sentent faibles s'ils valorisent trop leurs troupes.

Lorsqu'on est aux RH, Il est amusant de remarquer la grande distance qui pourra s'installer dans le discours du manager lorsqu'il parle à ses troupes ou lorsqu'il parle de ses troupes. Cette schizophrénie n'est pas forcément intuitive car pour une fois on ne suit pas la voie du confort.
Souvent, le manager encensera ses troupes par derrière, disant à quel point ils sont beaux fort intelligents dédiés et - nous y voilà - sous-payés. Il aura ainsi l'illusion d'obtenir plus d'argent pour eux, et par voie de conséquence pour lui. Si mes troupes sont bonnes, je suis moi-même excellent.

En revanche, il saura maintenir une molle terreur lorsqu'il s'adressera aux individus eux-mêmes. Naturellement rompu à l'art de la guerre sans jamais avoir lu Sun Tzu, il sait intuitivement qu'il ne faut jamais laisser s'installer l'idée que l'on est trop bon. On risquerait de demander un travail plus intelligent, un salaire plus conséquent, ou un boss plus performant.

Le manager intermédiaire n'est pas le diable, mais il est de droite : il n'aime pas le mouvement, surtout engendré par autre chose que lui-même. Alors pour maintenir les gens en poste, rien de tel que de les faire trembler un peu.

Le DRHache
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